
Face à l’explosion des commandes venues de Chine, le gouvernement français veut imposer des frais de gestion aux plateformes comme Shein et Temu. Objectif : reprendre le contrôle avant que le tsunami ne devienne incontrôlable.
Vous avez peut-être déjà cliqué sur l’un de ces vêtements à 3 euros sur Shein ou cette lampe LED à prix cassé sur Temu. Mais derrière ces bonnes affaires, il y a un afflux massif de colis venus tout droit de Chine qui inquiète de plus en plus les autorités françaises et européennes.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a évoqué une mesure inédite : faire payer, dès 2026, une sorte de taxe forfaitaire sur chaque colis de faible valeur entrant dans l’Union européenne. Une proposition censée freiner un peu la vague, sans pénaliser directement les consommateurs.
Une réponse européenne à une guerre commerciale mondiale
Cette initiative intervient dans un contexte tendu. Aux États-Unis, Donald Trump a déjà enclenché la vitesse supérieure en décidant de tripler les droits de douane sur les petits colis venus de Chine. Une décision qui pourrait détourner ces flux commerciaux vers… l’Europe.
Et c’est bien cela que redoute la France. En réaction, le gouvernement propose une alternative : quelques euros de frais de gestion appliqués aux plateformes et importateurs. Pas de surcoût pour les particuliers, assure Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics. Mais un levier pour financer les contrôles douaniers et réguler le trafic.
Shein, Temu et compagnie dans le collimateur
Pas de doute, les cibles sont identifiées : Shein, Temu, et aussi Amazon, cités nommément par le ministre de l’Économie. À eux trois, ces géants représentent déjà un quart des ventes de mode en ligne en France, un chiffre qui donne le vertige.
Ces plateformes sont régulièrement accusées de contourner les normes européennes, en inondant le marché de produits bon marché… pas toujours conformes. La Commission européenne a d’ailleurs ouvert l’œil, soupçonnant certaines pratiques douteuses, voire des manquements graves en matière de sécurité des produits.
Une situation devenue ingérable ?
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 4,6 milliards de colis de moins de 150 euros sont arrivés en Europe en 2024. Cela représente plus de 145 colis chaque seconde. Parmi eux, 91 % venaient de Chine. Rien qu’en France, 800 millions de paquets de ce type ont été livrés.
Or, jusqu’ici, les colis d’une valeur inférieure à 150 euros échappaient à la taxation douanière. Mais dès 2025, cette exonération disparaîtra dans toute l’UE. Une transition idéale, selon Bercy, pour introduire cette nouvelle contribution dès l’année suivante.
Un virage stratégique d’ici 2026
Le calendrier est clair : 2025 mettra fin à l’exonération, 2026 ouvrira une période de test de deux ans avec ces frais de gestion, censés durer jusqu’en 2028. D’ici là, le gouvernement espère non seulement mieux encadrer l’entrée massive de colis, mais aussi rétablir un peu d’équité pour les commerçants européens, souvent pris de court par la concurrence à bas prix.
Reste à voir si cette régulation suffira à endiguer le flot… ou s’il faudra, à terme, revoir entièrement les règles du jeu dans le e-commerce mondial.