
C’est désormais officiel : la France va se doter d’un nouvel arsenal contre les réseaux de drogue. Une loi portée par des parlementaires de tous bords a été définitivement adoptée ce mardi 29 avril. Objectif : rendre la riposte plus rapide, plus forte et mieux organisée face à un trafic qui gangrène le territoire.
Un texte voté à une large majorité
La scène se joue à l’Assemblée nationale. Résultat du vote : 396 députés ont dit oui, 68 ont voté contre. La France insoumise est restée en bloc opposée, suivie de quelques élus écologistes et communistes. À l’inverse, les socialistes ont donné leur feu vert, tandis que la majorité des écologistes et communistes ont préféré s’abstenir.
Au Sénat, la veille, le texte avait déjà obtenu un feu vert quasi unanime. Autant dire que le consensus politique est rare… mais réel.
Une loi transpartisane, un symbole fort
Ce projet de loi est né d’une volonté commune, portée à l’origine par deux sénateurs aux convictions opposées, Étienne Blanc (LR) et Jérôme Durain (PS). Leur ambition : sortir la France du “piège du narcotrafic”. Une problématique dont les ravages s’observent aussi bien dans les grandes villes que dans les zones rurales.
Le gouvernement, cette fois, a laissé les parlementaires mener la danse. Une stratégie assumée par le Premier ministre François Bayrou, qui y voit un modèle à suivre. « Unie, la France avance », a-t-il commenté sur X (anciennement Twitter).
Le futur “Parquet national anticriminalité organisée”
Parmi les mesures phares, une grande nouveauté : la création en janvier 2026 d’un parquet national anticriminalité organisée, calqué sur le modèle de celui dédié au terrorisme (le fameux Pnat).
Ce “Pnaco”, comme il devrait être baptisé, se chargera des affaires les plus complexes et lourdes, avec un état-major installé à Nanterre pour coordonner l’action de toutes les juridictions locales. Un pas de plus vers une justice structurée pour affronter les réseaux.
Une réponse musclée inspirée de l’Italie
Autre annonce forte : l’ouverture de quartiers de haute sécurité dans les prisons pour les trafiquants les plus dangereux. Une inspiration directe des lois antimafia italiennes, avec un premier site prévu pour fin juillet à Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais.
La loi introduit aussi un « dossier-coffre », un document annexe servant à protéger certaines informations sensibles utilisées dans les enquêtes – pour éviter qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains.
Un texte qui divise à gauche
Si le gouvernement parle d’un “texte fort et structurant”, les députés insoumis, eux, dénoncent une approche uniquement répressive. Antoine Léaument (LFI) a notamment critiqué l’absence de volet social, réclamant plus de moyens pour la justice et la police judiciaire, mais aussi une réflexion sur la légalisation du cannabis, qu’il considère comme un levier stratégique pour tarir les réseaux.
La gauche n’en restera pas là : LFI, les écologistes et les socialistes prévoient de saisir le Conseil constitutionnel, en particulier sur les points les plus controversés du texte.
Une exception dans un climat parlementaire tendu
Cette adoption rapide contraste avec les blocages actuels sur d’autres dossiers : réforme de l’audiovisuel, loi sur les déserts médicaux, ou encore la réforme de l’économie. Un bol d’air politique donc pour Gérald Darmanin et Bruno Retailleau, qui voient là une victoire à mettre à leur actif – et une carte à jouer en interne pour peser davantage dans leurs camps respectifs.