
Face à un projet de loi qui pourrait chambouler leur liberté d’installation, médecins, étudiants et internes se mobilisent à partir de ce lundi, entre grève et manifestations. Le climat est tendu.
Dans les cabinets médicaux, l’inquiétude et la colère sont palpables. À partir de ce lundi, de nombreux médecins libéraux, étudiants en médecine et jeunes praticiens entament un mouvement de grève pour dénoncer une proposition de loi qui vise à réguler leur installation dans certaines zones.
À l’origine de la contestation : un texte porté par le député socialiste Guillaume Garot, déjà partiellement adopté par l’Assemblée nationale début avril, et qui sera à nouveau examiné début mai.
Un projet qui cristallise les tensions
Pour ses défenseurs, cette régulation est censée lutter contre les déserts médicaux en France. Pour ses détracteurs, c’est une véritable attaque contre la médecine libérale.
« Ce projet va casser l’attractivité de notre profession », alertent les syndicats de jeunes médecins, en pointe dans la mobilisation.
Lucas Poittevin, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), a donné le ton en appelant à une grève nationale illimitée.
Du côté du gouvernement, François Bayrou a tenté de calmer les esprits en avançant son propre plan contre les déserts médicaux. Mais sa proposition d’imposer aux médecins jusqu’à deux jours de consultations par mois dans les zones sous-dotées n’a pas suffi à éteindre l’incendie. Bien au contraire.
Cabinets fermés dès ce lundi : le mouvement s’organise
Pour beaucoup de médecins grévistes, l’heure est grave.
« Si cette obligation devient individuelle, cela ne fera qu’alimenter la colère », prévient Sophie Bauer, présidente du Syndicat des médecins libéraux (SML).
Même son de cloche chez Philippe Cuq, coprésident de l’Union Avenir Spé-Le Bloc, qui se dit lassé de voir les politiques « ne pas écouter » les professionnels de santé malgré les réunions et les alertes répétées.
Dans les faits, plusieurs cabinets resteront fermés dès ce lundi. Patricia Lefébure, présidente de la Fédération des médecins de France (FMF), a confirmé que son cabinet et ceux de ses collègues fermeront pour soutenir la mobilisation.
Faire pression pour se faire entendre
« Il faut créer un risque sanitaire pour que les politiques bougent », lâche Philippe Cuq, convaincu que seule une perturbation sérieuse pourra faire entendre la voix des médecins.
Pour autant, tous ne sont pas favorables à une grève totale et prolongée. Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), refuse de laisser ses patients sans soin pendant dix jours.
Mais il appelle à soutenir les jeunes générations en faisant grève sur les services de permanence des soins, notamment les nuits, les week-ends et jours fériés, jusqu’à obtenir le retrait du texte.
Le bras de fer ne fait que commencer
La colère est là, profonde et sourde. Derrière la mobilisation de cette semaine, c’est tout un modèle de médecine libérale qui se défend, craignant que l’État n’aille trop loin dans la régulation d’une profession déjà sous pression.
Le bras de fer promet d’être tendu. Car si le texte Garot est voté tel quel, ses conséquences sur l’avenir de l’installation médicale en France pourraient être durables.
D’ici là, les médecins entendent bien se faire entendre… même si cela passe par des salles d’attente désertées.