
Le 1er mai approche, et comme chaque année, la question revient : qui peut ouvrir boutique pendant cette journée si particulière ? Pour les boulangers, la réponse n’est pas si simple.
Chaque 1er mai, les rues se vident, les cortèges défilent… et certaines vitrines restent fermées. Mais du côté des artisans, tous ne veulent pas poser leur tablier. C’est le cas notamment des boulangers, qui souhaiteraient pouvoir accueillir leurs clients comme un jour ordinaire. Pourtant, la loi encadre très strictement cette journée, ce qui crée bien des tensions.
Un jour férié à part dans le calendrier français
Contrairement aux autres jours fériés, le 1er mai – fête du Travail – bénéficie d’un statut spécial. L’article L3133-4 du Code du travail est clair : c’est un jour « férié et chômé ». Traduction : sauf exception, les salariés n’ont pas à travailler ce jour-là. Et s’ils le font, leur salaire doit être majoré à 200 %.
Certaines professions échappent toutefois à cette règle. Les secteurs dits essentiels comme les hôpitaux, les transports ou encore les services d’urgence peuvent continuer à tourner. Mais pour des métiers comme la boulangerie ou la vente de fleurs, la situation est plus floue.
Boulangeries ouvertes… mais sans employés ?
L’an dernier, plusieurs artisans vendéens en ont fait les frais : cinq boulangeries ont été verbalisées pour avoir fait travailler des salariés le 1er mai. Selon l’interprétation des inspecteurs du travail, seul le patron peut mettre la main à la pâte ce jour-là, pas ses employés. Une application stricte de la loi qui a provoqué une levée de boucliers chez les professionnels du secteur.
Ce flou juridique pèse lourd pour les commerçants, surtout dans des communes touristiques où la demande est forte ce jour-là. « Ce n’est pas qu’on veut forcer les salariés à travailler », expliquent plusieurs boulangers, « mais certains sont volontaires et préfèrent venir, surtout s’ils sont payés double. »
Une législation jugée trop rigide
Le problème ? Il n’existe aucune liste précise des commerces autorisés à ouvrir le 1er mai. Et pour ceux qui prennent le risque, l’addition peut être salée : jusqu’à 750 euros d’amende par salarié.
Interrogée par Le Parisien, une avocate spécialisée en droit du travail souligne que seules les activités garantissant « une continuité minimale de la vie de la société » peuvent fonctionner ce jour-là. Et à ce jour, les boulangeries comme les fleuristes n’en font pas partie, malgré leur rôle incontournable dans le quotidien des Français.
Le gouvernement veut faire bouger les lignes
Face au mécontentement grandissant, la ministre du Travail, Catherine Vautrin, a promis d’agir. Une proposition de loi est en préparation pour permettre aux salariés des boulangeries de travailler le 1er mai, s’ils le souhaitent.
« Je soutiendrai toute initiative parlementaire qui va dans ce sens », a-t-elle assuré. Mais soyons réalistes : même avec la meilleure volonté du monde, la loi n’évoluera pas d’ici le 1er mai 2025.
Que risque-t-on vraiment cette année ?
En attendant un éventuel changement législatif, les artisans qui choisiront d’ouvrir leurs portes devront assumer le risque juridique. Pour les boulangers et les fleuristes, l’équation reste la même : prendre le risque de l’amende, ou fermer boutique pendant une journée potentiellement lucrative.
Une chose est sûre : le débat est loin d’être clos, et ce jour férié, symbole des luttes sociales, continue de poser de vraies questions sur la liberté de travailler… ou pas.