
Et si l’impôt sur la fortune n’avait jamais vraiment disparu ? Derrière une réforme budgétaire en préparation pour 2026, l’exécutif semble vouloir remettre la pression sur les ménages les plus aisés, avec une taxation basée non plus sur les seuls revenus, mais sur l’ensemble du patrimoine.
Un projet encore en réflexion, mais qui résonne comme un air de déjà-vu, à l’heure où l’État cherche tous azimuts de nouvelles recettes.
Un premier pas avec la contribution sur les hauts revenus
Déjà cette année, un nouveau prélèvement a fait son apparition sans faire trop de bruit : la Contribution Différentielle sur les Hauts Revenus (CDHR).
Ce dispositif impose un taux minimum de 20 % aux revenus des contribuables les plus fortunés, soit ceux qui déclarent plus de 150 000 euros annuels pour un célibataire sans enfant.
Un impôt qui devrait rapporter près de 2 milliards d’euros en 2024, selon Bercy. Mais son caractère temporaire est assumé : dès 2025, un mécanisme plus structurant pourrait prendre le relais.
Patrimoine dans le viseur : ce qui se prépare pour 2026
Si la piste se confirme, la future taxe ne porterait plus uniquement sur le revenu. Le gouvernement plancherait sur un dispositif combinant :
- Impôt sur le revenu
- Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU, applicable aux revenus du capital)
- Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)
Le tout avec un garde-fou : les impôts cumulés ne pourraient pas descendre en dessous d’un certain seuil, probablement autour de 0,5 % du patrimoine.
Autrement dit, fini l’optimisation fiscale massive qui permet parfois de payer très peu d’impôts malgré une fortune confortable.
Un ISF sans dire son nom ?
Dans les couloirs de Bercy, certains l’admettent à demi-mot : le but n’est pas de créer un nouvel impôt, mais plutôt de forcer ceux qui utilisent les niches fiscales à payer leur part sur les impôts existants.
Officiellement, on assure même que l’idéal serait que cette contribution « ne rapporte rien ». Dans les faits, si elle fonctionne comme prévu, elle pourrait bien générer une manne proche de l’ancien ISF, qui rapportait environ 4,2 milliards d’euros par an avant sa suppression en 2018.
En combinant cette nouvelle mécanique avec l’IFI actuel, les recettes pourraient facilement atteindre les 4 milliards d’euros.
De quoi donner le sentiment que l’ISF, supprimé en 2017 par Emmanuel Macron, fait son grand retour… sans l’assumer complètement.
Qui est concerné ?
D’après un rapport récent de la Direction Générale des Finances Publiques, les 186 000 foyers redevables de l’IFI en 2024 affichent des revenus plus élevés et surtout plus diversifiés que le reste de la population.
Investissements immobiliers, placements financiers, dividendes… autant de sources de richesse que le fisc cherche à encadrer davantage.
Avec cette réforme, le message est clair : finies les stratégies fiscales trop optimisées pour les ménages les plus fortunés.
Une réforme risquée politiquement ?
Tenter de ressusciter, même à demi-mot, l’esprit de l’ISF est loin d’être anodin. Le sujet divise profondément la classe politique, et pourrait devenir un des thèmes explosifs du débat public à l’approche de 2026.
Reste à savoir si cette taxe sera effectivement adoptée telle quelle… ou si elle sera édulcorée pour éviter un tollé.
Ce qui est sûr, c’est que la chasse aux nouvelles recettes est lancée — et cette fois, les plus riches ne devraient pas pouvoir y échapper aussi facilement.