
Imaginez : vous êtes tranquillement chez vous, et votre téléphone sonne. Le numéro affiché est celui de votre banque, celui que vous avez soigneusement enregistré dans vos contacts pour le jour où vous auriez besoin de faire opposition. Au bout du fil, une voix sérieuse vous annonce qu’une activité suspecte a été repérée sur votre compte. Pris de panique, vous écoutez, vous obéissez, vous suivez les instructions. Sauf qu’en réalité, ce n’est pas votre banque. Et votre compte est sur le point d’être vidé.
C’est exactement ce qui est arrivé à un habitant de Toulon, dont l’histoire a été rapportée par Nice Matin. Ce sexagénaire a vu disparaître plus de 5 000 euros en quelques heures, persuadé qu’il avait affaire à un agent de sa banque. Ce qu’il a vécu, c’est ce qu’on appelle une arnaque au « spoofing ».
Mais au fait, c’est quoi le spoofing ?
Derrière ce mot à consonance technique se cache une méthode redoutablement efficace : l’usurpation d’identité téléphonique ou numérique. En clair, les escrocs manipulent les technologies pour faire apparaître un numéro ou une adresse e-mail qui semble familier et rassurant, alors qu’il n’en est rien.
Dans le cas du Toulonnais, les escrocs ont imité à la perfection le numéro du centre d’opposition de sa banque. Ils l’ont appelé, lui ont parlé comme des professionnels, l’ont poussé à valider un code par SMS, puis lui ont même envoyé quelqu’un à domicile pour récupérer sa carte bancaire. Tout semblait crédible. Trop crédible.
Une méthode qui cible aussi bien les e-mails que les appels
Ce type d’arnaque ne se limite pas aux appels téléphoniques. Il peut aussi s’agir d’un message par e-mail qui ressemble à s’y méprendre à celui de votre fournisseur d’énergie, de votre service de livraison préféré, ou même de l’administration fiscale. La grammaire est parfois bancale, l’adresse e-mail légèrement modifiée, mais dans la panique, on clique. Et c’est là que l’arnaque prend.
Ce qui rend le spoofing aussi dangereux, c’est justement sa capacité à jouer avec notre confiance. On reconnaît un logo, un nom, un numéro… et on baisse la garde. C’est ce moment-là que les fraudeurs attendent.
Comment ne pas tomber dans le piège ?
Le bon réflexe, c’est de prendre du recul. Si vous recevez un appel suspect, surtout s’il vous demande des informations sensibles comme un code de carte ou un mot de passe, raccrochez et contactez directement votre banque via un numéro officiel.
Il vaut toujours mieux perdre cinq minutes à vérifier qu’agir trop vite et regretter ensuite. Même chose pour les e-mails : prenez le temps de regarder l’adresse d’envoi, relisez le message à tête reposée, et surtout, ne cliquez pas aveuglément sur les liens.
Changer régulièrement vos mots de passe, éviter les pièces jointes douteuses et utiliser un bon antivirus sont aussi de bons moyens de réduire les risques. Mais au final, c’est votre vigilance qui reste votre meilleure arme.
Ce que les experts en cybersécurité en disent
Les spécialistes sont unanimes : ce genre d’arnaques se multiplie parce qu’elles sont rentables. Les escrocs n’ont plus besoin de casser des codes ou de pirater des serveurs. Ils manipulent les émotions, jouent sur la peur, l’urgence, l’impression d’autorité.
Des outils existent pour filtrer les appels frauduleux ou bloquer les e-mails suspects, mais ils ne sont pas infaillibles. Les cybercriminels redoublent d’inventivité et savent très bien comment contourner les systèmes. C’est pourquoi il faut en parler, partager ces infos, sensibiliser ses proches, surtout les plus vulnérables.
En cas de doute, faites-vous confiance
Si quelque chose vous semble étrange, même légèrement, n’hésitez pas à demander conseil. Mieux vaut un appel de trop à votre conseiller qu’un virement de 5 000 euros à un inconnu. Et si vous avez été victime, signalez-le rapidement, que ce soit à votre banque, à cybermalveillance.gouv.fr ou aux autorités.
Le spoofing est une arnaque insidieuse, mais en restant informé, attentif et critique, vous avez toutes les chances de ne jamais en être la cible.