
L’Union européenne veut se libérer de sa dépendance aux géants du paiement comme Visa, Mastercard ou PayPal. L’objectif ? Reprendre la main sur ses flux financiers et garantir sa souveraineté monétaire.
L’Europe commence à douter de son allié historique
Alors que les tensions économiques entre les États-Unis et leurs partenaires se durcissent – Donald Trump ayant annoncé des hausses massives de droits de douane, y compris envers les pays européens – la confiance du Vieux Continent envers Washington vacille. Ce climat pousse Bruxelles à repenser sérieusement sa stratégie économique.
Dans cette logique, l’Union européenne envisage de se détacher progressivement des mastodontes américains du paiement, notamment Visa, Mastercard et PayPal, mais aussi des plateformes chinoises comme AliPay. Une prise de conscience accélérée par un contexte géopolitique incertain.
Christine Lagarde appelle à une alternative européenne
Interrogée dans le podcast The Pat Kenny Show, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a plaidé pour la création d’un système de paiement européen autonome. Selon elle, bâtir une alternative crédible aux géants actuels serait une « marche vers l’indépendance » essentielle pour garantir la souveraineté financière de l’Union.
Mais Lagarde va plus loin. Elle estime qu’un marché des capitaux entièrement unifié à l’échelle européenne pourrait aussi ouvrir la voie à une future intégration fiscale. En rendant les flux économiques plus fluides entre les États membres, l’Europe pourrait générer jusqu’à 3 milliards d’euros de valeur ajoutée chaque année.
L’Union des marchés de capitaux en ligne de mire
Ce projet d’autonomie ne tombe pas du ciel. Il s’inscrit dans une stratégie plus large : celle de l’Union des marchés de capitaux (UMC). Ce grand chantier européen vise à harmoniser les circuits de financement entre les pays membres. En clair, faciliter l’accès au crédit pour les entreprises et proposer aux citoyens des solutions d’épargne plus efficaces et compétitives.
Cette réforme permettrait de mieux faire circuler l’investissement au sein du bloc européen tout en renforçant sa résilience face aux chocs extérieurs.
L’euro numérique et le portefeuille digital : deux outils en préparation
Mais concrètement, quelles alternatives à Visa ou PayPal ? Pour l’instant, elles restent encore à l’état de projet. Lancer un véritable concurrent crédible demanderait des moyens financiers colossaux et une coordination sans faille entre les États membres.
L’Union européenne travaille néanmoins sur deux outils majeurs. Le premier, c’est un portefeuille numérique européen, qui regrouperait sur smartphone des documents clés comme la carte d’identité ou le permis de conduire. Le second, c’est l’euro numérique, actuellement en phase de test. Il pourrait devenir, à terme, un outil de paiement central dans l’économie numérique européenne.
Les consommateurs suivront-ils ?
Reste une inconnue de taille : les habitudes des citoyens. Face à des plateformes américaines et chinoises bien implantées, l’Europe parviendra-t-elle à imposer ses propres solutions ? Si la volonté politique est là, le succès dépendra aussi de la capacité à proposer des services à la hauteur – simples, sûrs, et efficaces.
L’heure est venue pour l’Union européenne de reprendre le contrôle de son écosystème financier. La route est encore longue, mais les premiers jalons sont posés.