
Sanofi opère un changement majeur dans sa stratégie. Après avoir cédé sa célèbre marque Doliprane à un fonds américain, le laboratoire français a décidé de se délester de son usine d’Amilly dans le Loiret. Désormais, trois marques d’aspirine – Aspegic, Kardegic et Cardirene – quitteront le giron de Sanofi. Ce choix s’inscrit dans une volonté de recentrer les investissements sur les médicaments innovants et les vaccins, laissant derrière lui des produits de grande consommation qui ne correspondent plus à la nouvelle vision de l’entreprise.
L’Usine d’Amilly : Entre Déclin et Réorientation
L’usine d’Amilly, qui joue un rôle essentiel dans la production du principe actif du Kardegic, a connu un certain déclin ces dernières années. Malgré une production qui a permis de vendre près de 27 millions de boîtes en 2023, l’absence d’investissements récents et la pression sur le site ont poussé Sanofi à envisager sa cession. Le site sera repris par Astrea Pharma, un sous-traitant européen spécialisé dans les préparations pharmaceutiques, tandis que la commercialisation des marques concernées sera confiée à Substipharm, une entreprise française. Cette opération marque une nouvelle étape dans l’externalisation des produits sans ordonnance chez Sanofi.
Des réactions mitigées au sein du secteur
Le choix de vendre l’usine d’Amilly n’est pas sans susciter des inquiétudes. Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France, rappelle que l’usine produisait pour Opella – entité désormais partiellement cédée au fonds américain – et déplore le manque d’investissements sur le site depuis près d’un an. Il regrette que Sanofi n’ait pas choisi de revitaliser l’usine plutôt que de la vendre, soulignant que cette décision pourrait remettre en cause les engagements pris lors de précédentes négociations avec l’État. Les salariés, quant à eux, manifestent leur mécontentement, avec des débrayages et un piquet de grève devant l’usine, qui emploie 276 collaborateurs.
Vers une nouvelle ère pour Sanofi
En se recentrant sur des domaines plus innovants, tels que l’immunologie, les maladies rares, la neurologie et les vaccins, Sanofi entend redéfinir son avenir. Cette réorientation permet de concentrer les ressources sur la recherche et le développement, tout en déléguant la commercialisation des médicaments matures à d’autres acteurs. Toutefois, cette décision soulève des questions quant à la pérennité des marques d’aspirine, qui représentent 50 % des volumes de production de l’usine d’Amilly, et sur l’engagement des futurs opérateurs à maintenir ces produits sur le marché.