
FEBRUARY 2022 - LA DEFENSE - FRANCE: view on the EDF signboard
Vers une nouvelle stratégie commerciale
Imaginez un monde où l’électricité nucléaire française n’est plus vendue à l’unique gré des marchés de gros, mais mise aux enchères à l’échelle européenne. C’est exactement ce qu’EDF annonce pour les prochains mois. En collaboration avec l’État depuis fin 2023, le géant français de l’électricité lance une nouvelle politique commerciale qui vise à offrir aux grands clients professionnels des contrats d’achat d’électricité de moyen et long terme.
Des contrats innovants pour un approvisionnement bas Carbone
EDF a mis en place des « contrats d’allocation de production nucléaire » (CAPN). Ces accords permettent à des industriels électro-intensifs – comme ceux des secteurs de la métallurgie, de la verrerie ou de la chimie – d’accéder à une partie de la production réelle du parc nucléaire français. L’avantage pour ces partenaires ? Un approvisionnement en électricité bas carbone sur une période de 10 à 15 ans, avec des prix qui reflètent directement les coûts du parc nucléaire et qui ne fluctuent pas avec les marchés de gros.
Un objectif double
L’objectif de cette démarche est double. D’une part, EDF souhaite offrir aux entreprises un éventail de contrats d’électricité bas carbone, stables face à la volatilité des marchés. D’autre part, cette initiative vise à financer les investissements essentiels pour la transition énergétique, tout en réduisant la dépendance d’EDF aux fluctuations du marché. Ces contrats CAPN sont envisagés pour remplacer le système actuel d’Arenh, qui propose un tarif très avantageux aux industriels mais dont le mécanisme prend fin le 31 décembre 2025.
Comment cela fonctionnera en pratique
Concrètement, EDF vise deux catégories de clients. D’une part, des entreprises importantes de tous secteurs ayant des besoins énergétiques supérieurs à 7 GWh par an, que ce soit en France ou en Europe. D’autre part, des fournisseurs ou producteurs d’électricité présents sur le territoire français qui approvisionnent leurs clients à l’échelle nationale ou européenne. À partir du 1er janvier 2026, EDF prévoit de mettre aux enchères un volume annuel de 10 TWh. Ces enchères, dites « ascendantes », devraient débuter dès juin et seront ouvertes aux industriels, mais également à d’autres fournisseurs d’électricité, comme Engie ou TotalEnergies, qui réclament un traitement équitable pour pouvoir continuer à concurrencer EDF.
Les réactions et l’avenir du projet
Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Énergie a rappelé que l’accord signé entre l’État et EDF en 2023 visait principalement à soutenir les clients industriels fortement exposés à la concurrence internationale. À ce stade, EDF n’aurait signé qu’un petit nombre de contrats CAPN, représentant moins de 1 % de l’objectif fixé. Un bilan complet de cette démarche devrait être communiqué dans les jours à venir, permettant d’évaluer l’ampleur de cette initiative.