
Un risque de santé sous-estimé
Imaginez-vous essayer de perdre du poids avec l’aide d’un complément alimentaire à base de plantes exotiques. Cela peut sembler tentant, surtout avec toutes les promesses marketing. Mais l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) vient de nous avertir : certains de ces produits, élaborés à partir du tamarinier de Malabar (ou Garcinia cambogia), pourraient être dangereux. Leur consommation a été liée à des effets indésirables graves, notamment des hépatites aiguës, et ce, même chez des personnes en bonne santé.
Des Compléments qui promettent beaucoup, mais livrent le risque
L’Anses a publié un avis le 5 mars dernier qui alerte sur des compléments censés favoriser la perte de poids. Ces produits, souvent présentés comme des solutions miracles pour réduire l’appétit et limiter le stockage des graisses, ne reposent sur aucune preuve solide. Au contraire, après une revue approfondie de la littérature mondiale et l’analyse de cas signalés par divers systèmes de vigilance en France, l’agence conclut que ces compléments peuvent provoquer des effets indésirables sévères. Parmi les incidents recensés, on note même une hépatite fulminante mortelle, une situation où le foie se détériore de façon rapide et massive.
Des cas qui qui ne doivent pas passer inaperçus
Entre 2012 et mars 2024, le système de vigilance nutritionnelle a relevé 38 cas problématiques liés à la consommation de ces produits. Certains patients avaient déjà des antécédents médicaux – troubles psychiatriques, pancréatite ou hépatite –, mais d’autres, sans aucune pathologie connue, se sont retrouvés brutalement hospitalisés, voire dans le pire des cas, confrontés à la mort. Ces signalements, bien que numériquement modestes, montrent à quel point la situation est préoccupante. Comme le souligne Aymeric Dopter, chef d’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses, « il n’est pas normal que des personnes paient de leur vie la consommation de ces produits. »
Ce que vous devriez savoir et faire
Il est essentiel de prendre ces avertissements au sérieux. L’Anses recommande vivement à la population de ne pas consommer de compléments alimentaires contenant du Garcinia cambogia, ni de préparations qui en contiennent. Pour ceux qui envisagent une démarche de perte de poids, il est préférable de consulter des professionnels de santé, tels que des nutritionnistes ou des diététiciens, qui sauront vous guider en toute sécurité.
En parallèle, il est intéressant de noter qu’en France, l’utilisation de médicaments à base de Garcinia cambogia est interdite depuis 2012 en raison d’un rapport bénéfices/risques défavorable. Pourtant, le marché des compléments alimentaires reste florissant avec plus de 340 produits identifiés depuis 2016. Cette disparité montre bien que, malgré les interdictions en matière de médicaments, les compléments continuent de circuler, posant un véritable problème de santé publique.
Vers une harmonisation Européenne
Alors qu’aucune restriction similaire n’a encore été actée au niveau européen, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) est en train d’évaluer les risques liés à cette substance. Pour l’Anses, il ne faut pas perdre de temps. L’agence demande aux autorités françaises de retirer, à titre conservatoire, tous les compléments contenant du Garcinia cambogia en attendant une décision harmonisée au niveau européen.