
Des indemnités journalières revues à la baisse : un coup dur pour les travailleurs en arrêt de travail.
De nouvelles règles qui font grincer des dents
Dès le 1er mars pour les fonctionnaires, puis à partir du 1er avril pour les salariés du privé, les règles d’indemnisation des arrêts maladie vont changer. L’État a décidé de revoir à la baisse le plafond des indemnités journalières d’assurance maladie, une mesure qui fait partie du budget de la Sécurité sociale pour 2025, voté mi-février.
Cette réforme va toucher plus de 13 millions de salariés, soit un actif sur deux, selon le Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP). Pourquoi une telle décision ? Tout simplement parce que le coût des arrêts maladie a explosé ces dernières années. On est passé de 8 milliards d’euros en 2017 à 17 milliards en 2024. Un gouffre financier qui a poussé l’exécutif à agir.
Pour les fonctionnaires : fini l’indemnisation à 100 %
Actuellement, en cas d’arrêt maladie, les fonctionnaires perçoivent 100 % de leur salaire pendant les trois premiers mois. Mais à partir du 1er mars, ils ne toucheront plus que 90 %. Passé ce délai, la règle reste la même : pendant les neuf mois suivants, ils continueront de percevoir la moitié de leur traitement.
L’objectif du gouvernement est clair : réduire les dépenses publiques. Cette réforme pourrait permettre d’économiser environ 900 millions d’euros par an, selon le Sénat. Mais pour les fonctionnaires concernés, cela pourrait signifier une baisse de revenus importante, surtout en cas d’arrêt prolongé.
Les salariés du privé aussi concernés
Pour les salariés du privé, le changement arrive un peu plus tard, le 1er avril. Aujourd’hui, l’indemnité maladie (50 % du salaire journalier) est plafonnée à 1,8 Smic. Mais dès avril, ce plafond passera à 1,4 Smic. En clair, l’indemnité maximale versée par la Sécurité sociale descendra de 53,31 euros brut à 41,47 euros brut par jour d’arrêt maladie. L’État espère ainsi économiser près de 400 millions d’euros supplémentaires.
Pour beaucoup de salariés, cette baisse pourrait peser lourd sur le budget familial. Si certaines entreprises proposent des dispositifs de prévoyance pour compléter l’indemnité, ce n’est pas le cas partout, notamment pour les travailleurs précaires ou ceux avec peu d’ancienneté.
Une réforme vivement critiquée
Sans surprise, cette réforme ne fait pas l’unanimité. Jacques Creyssel, président du CTIP, n’a pas mâché ses mots :
« Au lieu de chercher des économies ailleurs, l’État choisit encore de taxer les entreprises et les salariés, notamment avec cette limitation des indemnités journalières et un projet de taxe sur les complémentaires santé. »
La CFDT, de son côté, parle d’une mesure « brutale » qui risque de frapper de plein fouet les travailleurs les plus fragiles. « Cet abaissement va toucher notamment ceux en arrêt depuis plus de 90 jours sans prévoyance, les salariés du particulier employeur et ceux ayant peu d’ancienneté et donc non couverts, » déplore le syndicat.
Une baisse de pouvoir d’achat redoutée
Au-delà des économies espérées par l’État, cette réforme pourrait sérieusement compliquer la vie de nombreux Français. Avec un plafond d’indemnisation abaissé, un arrêt maladie pourrait rapidement mettre en difficulté financière des familles entières, notamment celles dont le budget est déjà serré.
Pour beaucoup, il faudra compter sur la solidarité familiale ou réduire certaines dépenses pour compenser cette perte de revenus. Une réalité qui pourrait ajouter encore un peu plus de stress à un quotidien déjà bien chargé.