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Les nouvelles règles d’indemnisation du chômage se précisent avec des mesures plus strictes dès le 1er avril 2025. Parallèlement, des dispositifs en faveur des travailleurs seniors entreront également en vigueur, apportant à la fois opportunités et contraintes pour des millions de Français.
Indemnisation du chômage : des conditions durcies
Des durées d’indemnisation réduites pour les moins de 55 ans
Actuellement, les demandeurs d’emploi âgés de 53-54 ans peuvent bénéficier de l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE) pendant 22,5 mois, et ceux de 55 ans et plus jusqu’à 27 mois. Dès avril, ces seuils d’âge seront relevés de deux ans. Les 55-56 ans auront droit à 22,5 mois d’indemnisation, et les 57 ans et plus pourront prétendre à une aide pendant 27 mois au maximum. En dessous de 55 ans, la durée d’indemnisation sera plafonnée à 18 mois.
Période de référence affiliation (PRA) modifiée
Pour les moins de 55 ans, la PRA concernera désormais les 24 derniers mois (au lieu de 53 ans auparavant), tandis qu’elle s’étendra sur 36 mois pour les seniors.
Indemnisation prolongée jusqu’à la retraite à taux plein
Avec la réforme des retraites de 2023, l’âge pour continuer de percevoir l’ARE jusqu’à la retraite à taux plein passera progressivement de 62 à 64 ans. Les modalités précises de cette transition seront détaillées ultérieurement.
Versement des allocations-chômage : vers une mensualisation fixe
Actuellement, le montant des allocations dépend du nombre de jours dans le mois. Dès avril, France Travail versera une indemnisation sur une base fixe de 30 jours chaque mois, quel que soit le mois concerné. Une rétroactivité sera appliquée en cas de retard dans la mise en œuvre technique de cette mesure.
Assouplissement pour les saisonniers
Les travailleurs saisonniers verront leur durée d’affiliation minimale requise passer de 130 à 108 jours travaillés, réduisant ainsi la durée d’indemnisation minimale de 6 à 5 mois.
Des mesures spécifiques pour l’emploi des seniors
Retraite progressive accessible dès 60 ans
Aujourd’hui réservée aux personnes à partir de 60 ans et 9 mois (pour les plus jeunes générations), la retraite progressive sera désormais accessible dès 60 ans sous certaines conditions. L’accord de l’employeur restera nécessaire, mais celui-ci devra désormais justifier par écrit tout refus.
Nouveau contrat pour favoriser l’emploi des seniors : le CVE
Le contrat de valorisation de l’expérience (CVE) sera expérimenté pendant cinq ans. Destiné aux demandeurs d’emploi de 60 ans et plus, ce CDI permettra à l’employeur de mettre à la retraite le salarié dès l’âge légal (64 ans) s’il peut prétendre à une retraite à taux plein (67 ans maximum). L’employeur sera exonéré de la contribution spécifique de 30 % sur l’indemnité de mise à la retraite.
Vers un soutien renforcé, mais aussi des inquiétudes
Le gouvernement espère avec ces nouvelles mesures à la fois mieux encadrer l’indemnisation des chômeurs et encourager le retour à l’emploi, notamment pour les seniors souvent pénalisés sur le marché du travail. Cependant, certains syndicats, comme la CGT, s’inquiètent des effets pervers du CVE, redoutant des abus possibles liés à la mise à la retraite anticipée des salariés les plus âgés.
Avec cette réforme, l’objectif affiché reste clair : dynamiser le marché de l’emploi tout en renforçant la justice sociale. Reste à voir comment ces nouvelles règles seront accueillies par les travailleurs et les entreprises dans les mois à venir.