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Depuis le 16 février, Google permet aux annonceurs d’utiliser une nouvelle technique de suivi en ligne appelée fingerprinting. Contrairement aux cookies traditionnels, cette méthode permet de suivre les utilisateurs sans qu’ils en aient vraiment conscience. Et forcément, cela suscite des interrogations, voire des inquiétudes.
Le fingerprinting, qu’est-ce que c’est au juste ?
Imaginez que votre ordinateur laisse une petite empreinte partout où vous allez sur Internet. C’est exactement ce que fait le fingerprinting. Plutôt que de se baser sur des cookies (ces petits fichiers que vous pouvez facilement supprimer), cette technique analyse les caractéristiques de votre appareil : la taille de votre écran, le modèle de votre téléphone, votre navigateur, voire même les polices de caractères installées sur votre ordinateur.
En cumulant toutes ces données, il devient possible de créer un profil unique. Autrement dit, même si vous changez de site ou activez la navigation privée, vous restez identifiable.
Pourquoi cette méthode pose problème ?
Ce qui interpelle, c’est que Google s’était pourtant opposé au fingerprinting par le passé. En 2019, l’entreprise déclarait que cette technique « porte atteinte au choix de l’utilisateur » et qu’elle empêchait tout contrôle sur ses propres données.
Aujourd’hui, le ton a changé. Officiellement, Google explique vouloir offrir plus de possibilités aux annonceurs tout en assurant respecter la vie privée des utilisateurs. Mais du côté des défenseurs des libertés numériques, on ne partage pas cet optimisme.
Stephen Almond, de l’organisme britannique ICO, a même qualifié ce changement de cap d’« irresponsable ». Selon lui, cette technique réduit considérablement le choix et le contrôle des utilisateurs sur leurs données personnelles.
Concrètement, quelles conséquences pour vous ?
Pour beaucoup d’internautes, cela veut dire plus de traçage, même sans consentement explicite. Contrairement aux cookies que l’on peut refuser ou supprimer, l’empreinte numérique est beaucoup plus difficile à effacer.
Cela signifie qu’en effaçant votre historique ou en activant le mode privé de votre navigateur, vous ne devenez pas invisible. Votre appareil reste identifiable à travers ses paramètres techniques.
Google tente de rassurer
Face aux critiques, Google a assuré qu’il restait ouvert au dialogue avec les régulateurs. L’entreprise promet aussi de laisser le choix aux utilisateurs de recevoir ou non des publicités personnalisées. Mais cela suffira-t-il à dissiper les doutes ?
La CNIL, en France, rappelle que si le fingerprinting n’est pas interdit en soi, son utilisation doit être transparente et encadrée. En clair, les sites doivent :
- Informer les utilisateurs clairement sur la collecte de données.
- Obtenir un consentement explicite pour tout traçage publicitaire.
- Permettre aux utilisateurs de refuser aussi facilement qu’ils peuvent accepter.
Comment se protéger ?
Si vous souhaitez limiter votre empreinte numérique, quelques gestes simples peuvent faire la différence :
- Privilégiez des navigateurs comme Brave ou Firefox, qui bloquent par défaut certaines formes de traçage.
- Activez les paramètres anti-pistage dans votre navigateur habituel.
- Évitez de multiplier les extensions ou applications qui pourraient transmettre vos données sans votre consentement.
Avec ce virage vers le fingerprinting, Google ouvre un nouveau chapitre dans la bataille entre publicité ciblée et respect de la vie privée. Reste à voir si les utilisateurs s’accommoderont de cette nouvelle donne, ou s’ils chercheront davantage à protéger leur anonymat en ligne.