
Après plusieurs mois de débats intenses et de controverses, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 a été définitivement validé par le Parlement ce lundi 17 février. Le Sénat a entériné le texte par 225 voix contre 104, mettant ainsi un point final à une longue séquence budgétaire marquée par des tensions politiques et une opposition farouche.
Un vote sous pression après une série de censures
Ce budget a été adopté après le rejet d’une nouvelle motion de censure à l’Assemblée nationale, la cinquième depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon. Malgré les contestations, le gouvernement a réussi à imposer son texte, évitant ainsi une nouvelle crise institutionnelle.
Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, l’adoption du texte permet enfin de stabiliser la situation après des mois d’incertitude. Elle a insisté sur l’urgence de sortir de cette période d’attente, alors que le budget de l’État a lui aussi été adopté récemment.
Cependant, Elisabeth Doineau, rapporteure centriste au Sénat, a reconnu les limites du projet. « Ce texte n’est pas à la hauteur des défis auxquels nous faisons face », a-t-elle admis, soulignant la nécessité de réduire le déficit public dans les prochaines réformes.
Un budget marqué par des ajustements et des compromis
Le PLFSS 2025 prévoit une augmentation des dépenses de l’Assurance maladie de 3,4%, un chiffre revu à la hausse par rapport aux 2,8% initialement prévus. Cette augmentation s’explique notamment par une rallonge d’un milliard d’euros pour l’hôpital, un des nombreux compromis concédés par l’exécutif pour éviter un blocage du texte.
Côté finances, le déficit de la Sécurité sociale est désormais estimé à 22,1 milliards d’euros, contre 16 milliards initialement prévus. Plusieurs observateurs s’inquiètent d’un dérapage budgétaire encore plus marqué d’ici la fin de l’année.
De nombreux ajustements ont été nécessaires pour faire passer ce projet de loi. Parmi les mesures abandonnées sous la pression des oppositions et de certains membres de la majorité :
- L’augmentation des tickets modérateurs, qui aurait augmenté le reste à charge des patients.
- La désindexation des retraites sur l’inflation, initialement prévue pour limiter la hausse des dépenses.
- Une réduction des exonérations de cotisations pour les entreprises, qui a finalement été allégée.
Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé, a reconnu que « ce texte est imparfait », mais a défendu son adoption en insistant sur « un compromis nécessaire pour préserver notre modèle social ».
Une « taxe lapin » maintenue pour limiter les rendez-vous manqués
L’une des mesures les plus discutées du budget, la « taxe lapin », a finalement été conservée. Cette amende sanctionnera les patients ne se rendant pas à leurs rendez-vous médicaux sans prévenir, avec des modalités qui seront précisées par décret.
À l’inverse, la proposition du Sénat d’imposer sept heures de travail annuel supplémentaire non rémunéré aux Français a été écartée, jugée trop contraignante et difficilement applicable.
Une adoption qui ne règle pas tout
Malgré le vote définitif, les critiques restent vives. Si la droite sénatoriale a choisi de valider le texte, elle insiste sur la nécessité de réformes structurelles pour limiter l’aggravation du déficit.
Philippe Mouiller, président de la commission des Affaires sociales au Sénat, a averti : « Dès le prochain PLFSS, il faudra stopper l’endettement croissant de la Sécurité sociale, sous peine de mettre en péril l’ensemble de notre système de protection sociale. »
La page budgétaire est donc tournée, mais les débats sur l’avenir du financement du système de santé français restent plus que jamais d’actualité.