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Après avoir évité une nouvelle motion de censure, le Premier ministre a de nouveau engagé la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter la partie dépenses du budget de la Sécurité sociale. Un passage en force qui attise encore les tensions à l’Assemblée nationale.
Une quatrième motion de censure rejetée
La stratégie du 49.3 continue pour François Bayrou. Ce lundi 10 février, la quatrième motion de censure déposée contre lui a été balayée, ne réunissant que 115 voix sur les 289 nécessaires. Portée par La France insoumise (LFI) pour s’opposer à l’adoption sans vote de la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, elle n’a pas reçu le soutien du Rassemblement national (RN) ni du Parti socialiste (PS), permettant au Premier ministre de l’emporter une fois encore.
Face à une Assemblée nationale partiellement vide, François Bayrou a justifié l’urgence de faire adopter ce budget « dans les plus brefs délais ». Nadège Abomangoli, députée insoumise et vice-présidente de l’Assemblée, a dénoncé un projet « truffé de trompe-l’œil » et un gouvernement qui, selon elle, « parle et agit comme le Rassemblement national ».
Comme prévu, les 71 députés de LFI ont voté la motion, rejoints par la majorité des écologistes et des communistes. Mais du côté des Verts, 7 élus se sont abstenus, tout comme 5 députés communistes. Le RN et l’UDR (Union des droites pour la République), eux, se sont unanimement abstenus, maintenant ainsi François Bayrou en place.
Le Parti socialiste sous pression
Si le soutien tacite de l’extrême droite au gouvernement était attendu, c’est l’attitude des socialistes qui était scrutée de près. Déjà absents des précédents votes de censure contre Bayrou, ils ont une nouvelle fois refusé de renverser le gouvernement, malgré les critiques acerbes de LFI.
« Ceux qui ne votent pas la motion sont responsables d’un budget de souffrance », a fustigé Aurélie Trouvé (LFI) sur Public Sénat, tandis qu’Olivier Faure, chef du PS, a défendu une position plus mesurée sur France Info :
« Ce n’est pas parce qu’on refuse de censurer le gouvernement pour assurer un budget au pays que nous soutenons pour autant toute sa politique. »
Seul Peio Dufau, député PS des Pyrénées-Atlantiques, a choisi de voter la motion de censure.
Grâce à cet échec des opposants, François Bayrou sécurise l’adoption de la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, une avancée importante malgré son absence de majorité, là où son prédécesseur Michel Barnier avait échoué. Selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, l’exécutif espère une adoption définitive du budget mi-février et une promulgation d’ici la fin du mois.
Bayrou accélère avec un nouveau 49.3 sur la partie « dépenses »
À peine la motion rejetée, François Bayrou a dégainé un nouveau 49.3 dans l’après-midi, cette fois pour imposer la partie « dépenses » du budget de la Sécurité sociale. Une décision qui a immédiatement entraîné une nouvelle riposte de LFI, avec l’annonce d’une cinquième motion de censure, attendue dans les prochains jours et qui pourrait être examinée dès mercredi.
Le PS prépare une motion indépendante
Le Premier ministre peut souffler un peu, mais pas pour longtemps. Les socialistes, bien qu’absents des précédentes motions de censure, prévoient d’en déposer une eux-mêmes pour interpeller le chef du gouvernement sur ses valeurs et son positionnement politique.
Le PS reproche notamment à François Bayrou l’usage du terme « submersion migratoire », une expression issue du vocabulaire de l’extrême droite, reprise quelques jours plus tard par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Toutefois, cette nouvelle motion, qui devrait être déposée après le vote définitif du budget, a peu de chances d’aboutir sans l’appui du RN. Or, l’extrême droite, qui profite du débat sur l’immigration pour avancer ses thèses, pourrait se montrer réticente à faire tomber Bayrou à ce stade.
En attendant, le gouvernement continue d’avancer sous tension, avec une opposition fragmentée mais déterminée à lui compliquer la tâche jusqu’au bout.