Après des mois de retard et une adoption sous haute tension, le budget 2025 est enfin validé. Le Sénat a donné son feu vert ce jeudi 6 février, mettant un terme à un long feuilleton politique marqué par des censures, des tensions et des compromis inattendus.
Un vote décisif après un parcours tumultueux
Le projet de loi de finances 2025 a connu un parcours mouvementé avant son adoption définitive. Suspendu en décembre après la censure du gouvernement Michel Barnier, il a été repris en main par le Premier ministre François Bayrou. Ce dernier a imposé son passage à l’Assemblée nationale en activant à deux reprises l’article 49.3, évitant ainsi un vote direct des députés. Malgré deux motions de censure déposées par la gauche radicale, le texte a finalement été validé mercredi avant d’être confirmé ce jeudi par un vote au Sénat, où la droite et les centristes ont largement soutenu le projet avec 219 voix pour et 107 contre.
Un budget de rigueur pour réduire le déficit
L’objectif affiché par le gouvernement est clair : ralentir la dérive des finances publiques. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a présenté ce texte comme un plan de « redressement financier », visant à ramener le déficit public à 5,4 % du PIB en 2025. Pour cela, le budget prévoit un effort inédit de 30 milliards d’euros d’économies, couplé à une hausse des impôts ciblée de 20 milliards d’euros, touchant principalement les ménages les plus aisés et les grandes entreprises.
Les coupes budgétaires concernent la quasi-totalité des ministères, certains subissant des réductions de plusieurs centaines de millions d’euros. Cependant, des ajustements ont été opérés, notamment avec le rétablissement de 4 000 postes d’enseignants, initialement menacés.
Un fragile compromis politique
Si la majorité sénatoriale a validé ce budget, son adoption repose sur un fragile équilibre politique. Le gouvernement a pu compter sur le soutien indirect des socialistes, qui, sans voter en faveur du texte, ont refusé de se joindre aux motions de censure. Leur position, justifiée par la nécessité d’éviter une paralysie financière, a été saluée par Patrick Mignola, ministre des Relations avec le Parlement, qui a insisté sur le fait que « les parlementaires ont su mettre leurs désaccords de côté pour assurer la stabilité du pays ».
De leur côté, les oppositions communistes, écologistes et insoumis ont fermement rejeté le texte, dénonçant des coupes budgétaires trop brutales et des mesures fiscales jugées insuffisantes pour réduire les inégalités.
Un chapitre clôturé, mais de nouveaux débats à venir
Si l’adoption du budget de l’État est désormais actée, le combat budgétaire est loin d’être terminé. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) est toujours en discussion à l’Assemblée nationale. Là encore, le gouvernement prévoit d’avoir recours à l’article 49.3, ce qui entraînera de nouvelles motions de censure la semaine prochaine.
François Bayrou, qui a jusqu’ici résisté aux attaques de l’opposition, devra encore faire face à des tensions dans les jours à venir. Pour l’exécutif, la validation de ce budget est un premier succès, mais la bataille politique autour des finances publiques est loin d’être achevée.