Immigration : 65 % des Français estiment que le pays est « submergé »

Un sondage qui reflète un sentiment majoritaire dans l’opinion

Un sondage CSA pour CNEWS, le JDD et Europe 1, publié mardi 28 janvier, révèle que 65 % des Français estiment que la France est « submergée par l’immigration ».

Ce constat, largement partagé au sein de la population, s’inscrit dans un contexte politique tendu, où le débat sur l’immigration divise profondément les responsables politiques.

L’expression « submersion migratoire », utilisée par le Premier ministre François Bayrou, a accentué la fracture, notamment au sein de la gauche, qui s’oppose fermement à cette vision.

Un constat partagé par toutes les classes d’âge

Le sentiment de submersion migratoire est partagé par toutes les catégories de la population, avec quelques variations selon l’âge et la situation socio-économique.

🔹 Par classe d’âge :

71 % des 50-64 ans considèrent que la France est submergée.

67 % des 50 ans et plus partagent cette opinion.
62 % des 25-34 ans se montrent plus nuancés, bien qu’une majorité reste favorable à ce constat.

🔹 Par catégorie socioprofessionnelle :

72 % des CSP- (ouvriers et employés) adhèrent à cette perception.
66 % des inactifs (retraités, étudiants, demandeurs d’emploi) la partagent également.
57 % des CSP+ (cadres et professions intellectuelles) sont en accord avec cette idée, un chiffre nettement plus faible que chez les autres catégories.

Une fracture politique marquée entre la droite et la gauche

Si le sentiment d’une immigration excessive est majoritaire dans l’ensemble de la population, l’opinion diffère fortement en fonction des sensibilités politiques.

🔹 À droite et à l’extrême droite, cette idée domine largement :

94 % des sympathisants du Rassemblement national estiment que la France est submergée.

85 % des électeurs de la droite traditionnelle partagent ce constat.
65 % des partisans de Renaissance (ex-LREM) soutiennent également cette vision.

🔹 À gauche, en revanche, ce discours est largement rejeté :

39 % des sympathisants socialistes seulement adhèrent à cette idée.
28 % des électeurs de La France insoumise partagent ce sentiment.
20 % des proches d’Europe Écologie-Les Verts valident ce constat, soit une minorité au sein de leur électorat.

La gauche demeure donc majoritairement opposée à l’idée d’une submersion migratoire, tandis que les électeurs de droite et d’extrême droite la considèrent comme une réalité incontestable.

Une expression qui divise profondément la classe politique

Les propos de François Bayrou sur la « submersion migratoire » ont provoqué un torrent de réactions.

S’il a tenté d’apporter des précisions en affirmant qu’il parlait principalement de Mayotte et de certains départements confrontés à une immigration massive, il n’a pas pour autant apaisé la colère des élus de gauche.

« Dès l’instant où vous avez le sentiment d’une submersion, de ne plus reconnaître votre pays, ses modes de vie ou sa culture, vous avez rejet », a affirmé le Premier ministre.

Mardi, face aux députés, il a insisté sur la situation de Mayotte, où l’immigration clandestine représenterait jusqu’à 25 % de la population, selon les chiffres avancés par le gouvernement.

« Quiconque est confronté à la situation à Mayotte mesure que le mot ‘submersion’ est le plus adapté », a-t-il déclaré sous les applaudissements des élus du RN.

Un débat qui s’installe dans la durée

Ce sondage montre que la question migratoire reste une préoccupation majeure pour une grande partie des Français, et qu’elle continuera d’occuper une place centrale dans le débat politique.

Alors que la droite et l’extrême droite veulent durcir la politique migratoire, la gauche rejette en bloc le discours alarmiste et plaide pour une approche plus nuancée et pragmatique.

Le gouvernement, quant à lui, tente de ménager les différentes sensibilités, tout en reconnaissant la nécessité de mieux réguler les flux migratoires dans certaines régions particulièrement touchées.

Une chose est certaine : la question de l’immigration restera un sujet clé dans les prochaines échéances électorales.