Lundi soir, François Bayrou s’est exprimé longuement sur LCI, abordant plusieurs dossiers brûlants de l’actualité politique. De la réforme de l’éducation à la fiscalité, en passant par l’immigration et la fin de vie, le Premier ministre a défendu les choix du gouvernement sans toutefois s’aventurer sur des terrains trop polémiques.
Voici les principales annonces et prises de position à retenir.
Travail : pas de travail gratuit, mais une réforme à discuter
Le Premier ministre a fermement rejeté la proposition du Sénat d’imposer sept heures de travail non rémunérées dans le cadre du budget de la Sécurité sociale.
« Travailler gratuitement ? Ce n’est pas une option. Tout travail mérite salaire. »
Toutefois, il s’est dit ouvert au dialogue sur d’autres solutions pour équilibrer les comptes publics, sans préciser lesquelles.
Éducation : pas de suppression de postes et un retour à l’écriture
Contrairement aux annonces précédentes, 4 000 postes d’enseignants ne seront pas supprimés en 2025. François Bayrou a confirmé que cette coupe budgétaire, initialement prévue, n’aura pas lieu.
« Supprimer des postes ne résout pas le problème de recrutement dans l’Éducation nationale. Encore faut-il des candidats aux concours. »
En tant qu’ancien ministre de l’Éducation, il a insisté sur l’importance de remettre l’écrit au centre de l’apprentissage, notamment en histoire et dans les matières scientifiques.
« Écrire deux paragraphes par jour, c’est essentiel, et ce n’est pas une idée dépassée. »
Il a aussi regretté la disparition du travail manuel de l’écriture dans les écoles, prônant un retour aux bases de la calligraphie.
Fiscalité : pas d’augmentation d’impôts pour les ménages, mais des contributions ciblées
François Bayrou a voulu rassurer les Français sur la fiscalité :
« Il n’y aura pas d’impôt supplémentaire pour les ménages en 2025. »
Cependant, des ajustements fiscaux sont prévus pour les hauts revenus et les grandes entreprises, avec notamment :
- Une taxe sur les plus hauts revenus
- Une contribution exceptionnelle pour les grandes entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires
Ces mesures restent temporaires et devront être validées lors des négociations budgétaires.
Immigration : Mayotte dans le viseur, mais pas de restriction en métropole
Interrogé sur la question du droit du sol à Mayotte, le Premier ministre a confirmé vouloir durcir les conditions d’accès à la nationalité sur l’île.
Aujourd’hui, un enfant né à Mayotte doit avoir un parent en situation régulière depuis trois mois pour être reconnu français. Un projet de loi propose d’étendre cette obligation aux deux parents et d’allonger la durée de résidence à un an.
En revanche, François Bayrou a écarté toute modification du droit du sol en métropole :
« La question pourra être débattue, mais il n’est pas prévu de toucher au droit du sol en France. »
Il a également écarté l’idée d’un référendum sur l’immigration, expliquant que la Constitution limite ce type de consultation aux sujets institutionnels, économiques ou sociaux.
Fin de vie : deux textes séparés pour éviter un débat confus
Le gouvernement va proposer deux lois distinctes sur la fin de vie :
- L’une sur les soins palliatifs, considérés comme un « devoir »
- L’autre sur l’aide à mourir, sujet qu’il qualifie de « débat de conscience »
Cette séparation est vivement critiquée par plus de 200 députés socialistes et macronistes, qui estiment qu’il s’agit d’une fausse distinction. Une tribune publiée dans Le Parisien dénonce une approche qui « risque de ralentir l’avancée du droit à mourir dans la dignité ».
Une prise de parole sans annonces majeures, mais un cap réaffirmé
L’intervention de François Bayrou n’a pas donné lieu à de grandes annonces, mais a permis de clarifier les choix du gouvernement sur plusieurs dossiers sensibles.
Sa promesse de ne pas augmenter les impôts pour les ménages vise à rassurer l’opinion publique, tandis que son positionnement sur l’immigration et l’éducation traduit une volonté de fermeté sans rupture brutale.
La réunion de la commission mixte paritaire, prévue jeudi, sera le véritable test pour ces engagements, alors que le gouvernement cherche à trouver un consensus sur le budget 2025.