L’envoi automatique du chèque énergie, supprimé en 2024, pourrait bientôt faire son retour. Le Sénat a adopté un amendement au projet de loi de finances 2025 réintroduisant cette procédure, après une année marquée par des difficultés pour de nombreux bénéficiaires.
Toutefois, si cette automatisation est confirmée par l’Assemblée nationale en février, elle pourrait s’accompagner d’une réduction du budget alloué à ce dispositif, ce qui soulève des inquiétudes quant à son efficacité réelle.
Un dispositif devenu moins accessible en 2024
Le chèque énergie est une aide financière permettant aux foyers les plus modestes de payer leurs factures d’électricité et de gaz. Entre 2018 et 2023, il était attribué sans démarche préalable, sur la base des revenus fiscaux.
Mais en 2024, un changement majeur a compliqué l’accès à cette aide. La suppression de la taxe d’habitation, qui servait de référence pour identifier les ménages éligibles, a conduit à un réexamen des critères d’attribution. Résultat :
- Seuls les bénéficiaires de 2023 ont continué à recevoir le chèque énergie sans action de leur part.
- Les nouveaux foyers éligibles ont dû en faire la demande via une plateforme en ligne.
Ce changement a eu des conséquences désastreuses :
- Un fort taux de non-recours : sur près d’un million de nouveaux bénéficiaires attendus, seulement 53 000 chèques avaient été distribués en novembre 2024.
- Un afflux de demandes de dernière minute : plus de 200 000 dossiers ont été finalisés dans les dernières 48 heures avant la fermeture du guichet virtuel le 31 décembre.
Les associations de consommateurs ont dénoncé une « mise à l’écart » des ménages les plus précaires, souvent peu familiers avec les démarches numériques.
Une nouvelle approche pour 2025 : retour à l’automatisation
Face à ce fiasco, le gouvernement a dû revoir sa copie. Après avoir envisagé une solution intermédiaire – obliger les ménages à renseigner eux-mêmes leurs informations fiscales et leur numéro de compteur électrique – il a finalement décidé de rétablir l’envoi automatique.
Un amendement au projet de loi de finances 2025, adopté par le Sénat, prévoit désormais :
- Un retour à l’identification automatique des bénéficiaires, grâce au croisement des données fiscales et des fournisseurs d’énergie.
- La suppression de l’obligation de demande en ligne pour les nouveaux éligibles.
Cette mesure doit encore être confirmée par l’Assemblée nationale, mais elle marque un tournant après une année où des milliers de ménages sont passés à côté de cette aide essentielle.
Un budget sous pression : vers une baisse du montant du chèque énergie ?
Si l’automatisation est une avancée, la question du budget reste en suspens. Selon plusieurs sources, l’enveloppe allouée au chèque énergie pourrait être revue à la baisse. Cela pourrait se traduire par :
- Une réduction du montant des chèques, actuellement compris entre 48 et 277 euros selon les revenus.
- Un durcissement des critères d’éligibilité, excluant certains foyers bénéficiaires jusqu’ici.
L’Assemblée nationale devra trancher cette question lors des débats budgétaires début février.
Un retour bienvenu, mais une aide menacée ?
Si la réintroduction de l’envoi automatique facilite l’accès au chèque énergie, le risque d’une réduction du budget pose problème. Les ménages concernés pourraient recevoir une aide plus faible, ou voir leur éligibilité remise en cause.
Le vote de l’Assemblée nationale sera décisif : il déterminera si cette aide essentielle pourra réellement bénéficier à tous ceux qui en ont besoin en 2025.