Une promesse gouvernementale mise à mal par le Sénat
Le Sénat a rejeté dans la nuit de mercredi à jeudi un amendement clé du gouvernement visant à rétablir 4 000 postes d’enseignants dans l’Éducation nationale, une mesure centrale dans l’accord de non-censure passé entre François Bayrou et les socialistes. Ce revers parlementaire souligne les tensions autour des priorités budgétaires pour 2025.
Un amendement rejeté malgré un enjeu éducatif majeur
Le gouvernement souhaitait revenir sur les suppressions de postes dans l’Éducation nationale décidées sous Michel Barnier. L’amendement, introduit pour une seconde délibération après la censure de décembre, visait à rehausser le nombre d’emplois dans l’enseignement. Cependant, les sénateurs LR et centristes, majoritaires dans la Chambre haute, s’y sont opposés.
- Coût estimé : 150 millions d’euros, jugés « non négligeables » par Jean-François Husson, rapporteur général du budget (LR).
- Contexte démographique : Une baisse prévue de 6 % de la population scolaire à moyen terme a été avancée pour justifier cette décision.
Un accord unanime déjà fragilisé
En décembre, un compromis avait été trouvé pour limiter la suppression initiale de 4 000 postes à 2 000 postes seulement. Cette entente, fondée sur l’évolution démographique et la rationalisation des effectifs, a été invoquée pour rejeter le nouvel amendement.
Des zones d’ombre sur la répartition des postes
Le débat a également mis en lumière des inquiétudes sur la répartition des postes entre enseignants et personnel administratif.
- Manque de clarté : Stéphane Sautarel (LR) a critiqué le ministère pour son incapacité à différencier les postes enseignants des fonctions administratives.
- Question soulevée : Cécile Cukierman (PCF) a demandé des garanties sur la création de postes réellement dédiés à l’enseignement, et non à d’autres fonctions.
« Est-ce qu’on parle de 4 000 enseignants devant les élèves, ou de postes redistribués ailleurs dans le système ? » a-t-elle interrogé.
Un revers qui touche également la justice
Le rejet de l’amendement ne se limite pas à l’Éducation nationale. Les sénateurs ont également refusé la création de 924 postes pour le ministère de la Justice, incluse dans le même texte. Cette décision a suscité des critiques, notamment de la part des socialistes.
« Vous ciblez l’éducation, mais restez silencieux sur les suppressions dans la justice », a taclé le sénateur Thierry Cozic (PS).
Un budget 2025 encore sous négociations
Le rejet de cet amendement marque une étape dans l’examen du projet de loi de finances pour 2025, mais le texte doit encore passer par la commission mixte paritaire (CMP), prévue le 30 janvier.
Prochaines étapes :
- Vote solennel au Sénat : Prévu ce jeudi 23 janvier, avec une adoption probable grâce à la majorité droite-centristes.
- CMP : Une version de compromis sera discutée entre sept sénateurs et sept députés, où la gauche pourrait tenter de relancer les débats sur ces suppressions.
Conclusion : une bataille budgétaire loin d’être terminée
Ce rejet par le Sénat met en lumière les fractures politiques autour des priorités éducatives et judiciaires. Si le gouvernement espérait tenir ses promesses en matière d’éducation, l’opposition sénatoriale a montré qu’elle entend défendre une stricte réduction des dépenses publiques. La commission mixte paritaire sera décisive pour déterminer l’avenir des postes supprimés et l’équilibre global du budget 2025.