L’Assemblée nationale a validé jeudi 22 janvier une proposition de loi permettant à tous les étudiants d’accéder à des repas à 1 euro dans les restaurants universitaires gérés par les Crous. Ce vote, marquant une victoire pour la gauche et d’autres groupes d’opposition, intervient après un rejet similaire il y a deux ans.
Un vote décisif malgré les réticences du gouvernement
La proposition de loi, portée par la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi, a été adoptée par 149 voix, principalement issues des rangs de la gauche, du Rassemblement national (RN) et du groupe centriste Liot. Seuls cinq députés, dont trois d’Horizons, ont voté contre. Les macronistes, bien que divisés sur le sujet, ont majoritairement choisi de s’abstenir.
Ce texte, déjà proposé il y a deux ans et rejeté à une voix près, reflète un engagement croissant pour répondre à la précarité étudiante, un enjeu de plus en plus pressant.
Étendre les repas à 1 euro : une nécessité pour les étudiants
Actuellement, seuls les étudiants boursiers et précaires peuvent bénéficier de repas à 1 euro. La nouvelle loi vise à généraliser cette mesure à tous les étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur.
Les chiffres à retenir :
- 500 000 étudiants ont profité de ces repas sur l’année universitaire 2023-2024, soit seulement 17 % des 2,965 millions d’étudiants en France.
- Selon une enquête Ifop d’octobre 2024, 36 % des étudiants déclarent avoir déjà sauté des repas faute d’argent.
Le coût annuel de cette mesure est estimé à 90 millions d’euros, un montant justifié par la gauche pour réduire la précarité alimentaire chez les jeunes.
Les objections du gouvernement : une question de justice sociale
Le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, s’est opposé à cette généralisation, insistant sur :
- Une perte de recettes pour les Crous, évaluée à 50 millions d’euros.
- La nécessité de développer l’offre, pour réduire les files d’attente dans les restaurants universitaires.
« Je crois en un système où chacun contribue en fonction de ses moyens », a-t-il déclaré, arguant que cette mesure pourrait fragiliser le fonctionnement des Crous.
Un débat au-delà des clivages politiques
Le texte a divisé les bancs politiques :
- La gauche a défendu la mesure comme une avancée sociale majeure, insistant sur l’autonomie des étudiants et les failles du système des bourses.
- Le RN, tout en votant pour, a proposé un amendement controversé visant à réserver ces repas aux étudiants français, rejeté par les autres groupes.
Des défis à relever pour garantir l’accès aux repas
Si cette mesure est saluée par les étudiants et les syndicats, elle soulève des enjeux pratiques :
- Augmenter les capacités des Crous pour répondre à une demande élargie.
- Réduire les files d’attente déjà problématiques dans certains établissements.
- Assurer le financement durable de cette mesure sans nuire à la qualité des services offerts.
Un pas vers une plus grande équité sociale
Adoptée avec une large majorité, cette loi marque une étape importante pour améliorer les conditions de vie des étudiants en France. Elle illustre aussi un changement dans les priorités politiques, en mettant au premier plan la lutte contre la précarité alimentaire. Toutefois, sa mise en œuvre dépendra du soutien financier et logistique nécessaire pour répondre aux attentes des bénéficiaires.