Le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % sur les revenus des retraités, instauré en 1978. Ce dispositif, initialement conçu pour couvrir des frais professionnels, fait désormais polémique et pourrait être supprimé dès 2025.
Un dispositif en vigueur depuis plus de 40 ans
Créé en 1978, cet abattement de 10 %, plafonné à 4 321 euros par an, vise à compenser les frais professionnels, similaire à ce qui est appliqué pour les salariés. Cependant, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), un organisme rattaché à la Cour des comptes, a récemment critiqué cette mesure, estimant qu’elle n’a plus lieu d’être pour les retraités qui ne supportent plus de frais liés à leur activité professionnelle.
Pourquoi cette suppression est envisagée ?
Plusieurs instances publiques et personnalités plaident pour la suppression de cet avantage fiscal dans un contexte de réduction du déficit public. En 2025, l’objectif du gouvernement est de contenir le déficit à 5 % du PIB.
- Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), a proposé cette suppression en affirmant qu’elle pourrait rapporter 4 milliards d’euros par an. Il souligne que les retraites les plus modestes ne seraient pas impactées, rendant la mesure plus équitable.
- Patrick Martin, président du Medef, considère cet abattement comme « aberrant » et « contre-nature », car les retraités n’engagent plus de frais professionnels.
- Ambroise Méjean, président des Jeunes avec Macron, a déclaré sur Franceinfo que ce dispositif profite principalement aux retraités les plus aisés, représentant un coût estimé à 4,6 milliards d’euros, dont 1,5 milliard pourrait être économisé en ciblant ces avantages.
Un impact inégal selon les niveaux de revenus
Selon les analyses de Pierre Madec, économiste à l’OFCE, la suppression de cet abattement affecterait principalement :
- Les retraités les plus aisés, soit les 20 % ayant les revenus les plus élevés, avec une hausse annuelle d’impôts comprise entre 700 et 800 euros.
- Les retraités modestes, qui ne sont généralement pas imposables, resteraient épargnés par cette réforme.
Un débat qui divise
Cette proposition suscite des réactions contrastées :
- Les défenseurs de la suppression affirment qu’elle permettra d’alléger les inégalités fiscales et de dégager des ressources pour le système de retraites, en déficit croissant.
- Les opposants, notamment certaines associations de retraités, dénoncent une mesure qui pourrait aggraver les disparités et pénaliser une partie de la population déjà affectée par l’inflation.
Quelles conséquences pour les retraités ?
Si cette réforme est adoptée dans le cadre du projet de loi de finances 2025, elle pourrait :
- Augmenter la pression fiscale sur les retraités aux revenus élevés.
- Ne pas concerner les retraités non imposables ou aux revenus modestes.
Cette réforme illustre la volonté du gouvernement de trouver des solutions pour stabiliser le système des retraites tout en réduisant les avantages fiscaux jugés obsolètes. Toutefois, son adoption pourrait raviver les tensions sociales autour des inégalités de traitement fiscal.