Saïf al-Islam Kadhafi, fils du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi, relance les accusations de financement illégal contre l’ancien président français Nicolas Sarkozy. Dans une interview accordée à RFI, il affirme que 5 millions d’euros en liquide auraient été versés pour la campagne présidentielle de 2007, mettant une fois de plus l’ancien chef de l’État dans une position délicate.
Des accusations explosives renouvelées
Dans cet entretien écrit, Saïf al-Islam Kadhafi soutient que Nicolas Sarkozy et son entourage auraient perçu 5 millions d’euros en liquide de la Libye. Il détaille que 2,5 millions de dollars auraient été directement versés pour financer la campagne présidentielle de 2007, tandis que le reste aurait été destiné à régler des différends liés à l’affaire de l’attentat contre le DC10 d’UTA en 1989.
Claude Guéant, ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, est cité comme ayant réceptionné des valises de billets en espèces. Selon Kadhafi, ces transactions avaient pour but d’obtenir des accords économiques favorables à la Libye et de clore l’affaire UTA. Il précise qu’il aurait lui-même supervisé ces versements.
Pressions pour modifier son témoignage
Saïf al-Islam Kadhafi affirme également avoir été pressé à trois reprises de modifier son témoignage sur cette affaire. Il déclare qu’en 2021, une tentative aurait été faite pour le convaincre de nier tout financement libyen de Nicolas Sarkozy, en échange d’une aide pour clore son dossier devant la Cour pénale internationale (CPI), où il est poursuivi pour crimes de guerre.
« J’ai refusé ces propositions, car je n’ai rien à cacher et je veux que la vérité éclate », a-t-il confié à RFI.
Réactions du clan Sarkozy : des accusations qualifiées de « fantaisistes »
L’avocat de Nicolas Sarkozy, Maître Christophe Ingrain, a rapidement réagi à ces accusations, les qualifiant de « fantaisistes » et sans fondement. Depuis le début de l’enquête, Nicolas Sarkozy martèle qu’aucun financement libyen n’a contribué à sa campagne présidentielle.
« Ces allégations ne reposent sur rien », insiste l’avocat, dénonçant une nouvelle tentative de discrédit.
Un dossier judiciaire complexe
Cette affaire, qui fait l’objet d’une enquête en France depuis plusieurs années, repose sur des témoignages, des documents et des preuves contestées. En 2018, Saïf al-Islam Kadhafi avait déjà transmis des éléments au juge d’instruction Serge Tournaire.
L’ancien président Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis 2018 pour corruption, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs. Cependant, les preuves tangibles restent limitées, et plusieurs protagonistes clés de l’affaire, dont Saïf al-Islam Kadhafi, sont eux-mêmes controversés.
Une affaire loin d’être close
Alors que cette affaire judiciaire continue de hanter Nicolas Sarkozy, les accusations de Saïf al-Islam Kadhafi ne manqueront pas d’alimenter le débat. Pour l’heure, l’ancien président continue de nier en bloc ces accusations, mais la pression judiciaire et médiatique reste forte.
Le financement libyen de la campagne de 2007 sera-t-il un jour prouvé ou restera-t-il une énigme judiciaire ? L’avenir de cette affaire dépendra de l’évaluation des preuves par les tribunaux français.