Le phénomène des arnaques au faux RIB (Relevé d’Identité Bancaire) connaît une inquiétante recrudescence. Ces fraudes, souvent très élaborées, visent à détourner des virements bancaires en exploitant des failles dans les systèmes de communication et de sécurité. Une récente décision de justice illustre les limites actuelles en matière de protection des victimes. Voici ce qu’il faut savoir.
Une fraude sophistiquée : retour sur une affaire emblématique
En 2019, un couple de quadragénaires a été piégé par une arnaque au faux RIB lors de l’achat d’un véhicule auprès d’un garagiste anglais. Leur boîte mail piratée, les escrocs leur ont transmis des coordonnées bancaires frauduleuses, entraînant une perte totale de 14 500 euros.
- Un scénario bien ficelé : Après un premier virement de 1 000 euros, les victimes transmettent le faux IBAN à leur banque pour un second paiement de 13 500 euros, sans détecter l’escroquerie. La Caisse d’Épargne, elle aussi, effectue le virement sans vérifier le bénéficiaire.
- Des indices négligés : L’email contenant le faux RIB présentait des anomalies évidentes, comme l’absence de mention de la banque de destination et de l’adresse du bénéficiaire.
Malgré ces éléments, la Cour de cassation a débouté le couple, estimant que la banque n’était pas responsable des erreurs d’identifiant fournis par ses clients, conformément à l’article L133-21 du Code monétaire et financier.
Des règles actuelles insuffisantes mais en évolution
La décision de justice met en lumière une lacune dans les pratiques bancaires : les banques ne sont pas tenues de vérifier systématiquement les informations du destinataire d’un virement. Cependant, cette situation pourrait évoluer avec une nouvelle réglementation européenne prévue pour le 9 octobre prochain, imposant :
- Une vérification automatique des coordonnées du bénéficiaire avant toute validation de virement.
- Un renforcement des contrôles pour limiter les risques d’usurpation.
Comment repérer et éviter une arnaque au faux RIB ?
Pour se prémunir contre ces fraudes, voici quelques bonnes pratiques à adopter :
1. Vérifiez les coordonnées bancaires
- Contactez directement le bénéficiaire par téléphone pour confirmer ses informations.
- Méfiez-vous des changements soudains d’IBAN, surtout s’ils sont annoncés par email.
2. Identifiez les anomalies
- Soyez attentif à l’absence de détails comme la banque de destination ou l’adresse du bénéficiaire.
- Les fautes d’orthographe ou des messages provenant d’adresses suspectes doivent également vous alerter.
3. Protégez vos communications
- Évitez d’envoyer ou de recevoir des RIB par email non sécurisé.
- Utilisez des plateformes sécurisées pour tout échange financier.
4. Consultez régulièrement vos comptes
- Signalez immédiatement à votre banque toute transaction suspecte.
Que faire si vous êtes victime ?
Si vous découvrez une fraude, voici les étapes essentielles à suivre :
- Contactez immédiatement votre banque pour tenter de bloquer ou de récupérer le virement.
- Déposez plainte auprès des autorités en fournissant toutes les preuves disponibles.
- Signalez l’incident sur la plateforme Pharos, dédiée à la lutte contre les cybercrimes.
Un défi pour les banques et les consommateurs
Les arnaques au faux RIB illustrent l’ingéniosité des fraudeurs, qui exploitent les failles du système actuel. Avec les futures évolutions réglementaires, les banques devront assumer un rôle plus actif dans la vérification des virements. En attendant, il est essentiel pour chacun d’adopter des mesures de précaution pour éviter de devenir une cible.