Après le choix stratégique des socialistes de ne pas soutenir la motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou, François Hollande estime que son parti est désormais au centre du jeu politique à l’Assemblée nationale. Dans un entretien exclusif, l’ancien président explique pourquoi cette décision pourrait redéfinir le paysage parlementaire.
Le Parti socialiste en arbitre politique
Selon François Hollande, le Parti socialiste (PS) s’impose comme un acteur incontournable au sein de l’hémicycle. « Nous sommes le pivot autour duquel tout se joue. Rien ne peut avancer sans nous, ni contre nous », déclare-t-il. Pour l’ancien président, ce positionnement confère au PS une responsabilité historique : « Nous avons la clé jusqu’en 2027. »
En s’abstenant de voter la motion de censure déposée par La France insoumise (LFI), les socialistes ont marqué une rupture avec leurs alliés du Nouveau Front populaire (NFP). Une décision que François Hollande qualifie de « mature et constructive ».
Un compromis obtenu avec François Bayrou
Ce refus de soutenir la censure a permis aux socialistes de négocier des engagements majeurs avec le Premier ministre François Bayrou. Parmi les concessions obtenues :
- Relancer les discussions sur la réforme des retraites adoptée en 2023.
- Abandonner la suppression de 4 000 postes d’enseignants.
- Revenir sur le déremboursement de certains médicaments.
Pour François Hollande, ces avancées sont une preuve que le PS peut « agir concrètement pour améliorer la vie des Français », tout en restant dans l’opposition.
LFI isolée : un choix assumé par le PS
En refusant de voter la censure, le PS s’est également démarqué des Insoumis, qui prônent une stratégie de confrontation. François Hollande critique cette approche :
« Bloquer les institutions pour provoquer une élection présidentielle anticipée n’est pas une solution. Nous devons proposer et avancer. »
Ce choix, salué par certains, a néanmoins suscité des tensions au sein de la gauche. Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a dénoncé un « renversement d’alliance » de la part des socialistes.
Les défis budgétaires à venir
D’ici fin mars, les discussions sur le budget pourraient raviver les tensions politiques. François Hollande insiste sur l’importance d’adopter rapidement un budget, tout en appelant à des ajustements pour répondre aux attentes des Français :
- Renforcer l’équité sociale.
- Accélérer la transition écologique.
L’ancien président avertit toutefois que le PS pourrait revoir sa position si le gouvernement ne respecte pas les engagements pris :
« Nous resterons vigilants et n’hésiterons pas à censurer si nécessaire. »
Quel avenir pour la gauche unie ?
La décision des socialistes de tracer leur propre voie soulève des questions sur l’avenir du Nouveau Front populaire. Pour François Hollande, l’unité semble compromise par la stratégie électorale de Jean-Luc Mélenchon :
« Quand un leader annonce sa candidature présidentielle sans concertation, cela fragilise l’alliance. »
Selon lui, le PS doit désormais se concentrer sur son rôle de parti central, capable de rassembler autour de propositions concrètes et progressistes.