Le Sénat a voté, ce jeudi 16 janvier 2025, la suppression des crédits alloués au Service National Universel (SNU), une mesure controversée portée par Emmanuel Macron. Une large majorité de sénateurs a préféré réaffecter 80 millions d’euros de ces fonds au budget des Sports, jugé insuffisant après les Jeux olympiques.
Le Service National Universel : une expérimentation jugée coûteuse
Lancé en 2019 comme un pilier du programme présidentiel d’Emmanuel Macron, le SNU visait à généraliser une expérience citoyenne et patriotique pour les 15-17 ans. Ce dispositif comprenait :
- Un séjour de cohésion : activités sportives, culturelles et intellectuelles.
- Une mission d’intérêt général : actions bénévoles au service de la société.
- Des pratiques encadrées : levée des couleurs, port de l’uniforme.
Malgré cinq années d’expérimentation, les critiques ont fusé sur l’utilité réelle et le coût exorbitant de sa généralisation. Selon la Cour des comptes, une mise en œuvre nationale nécessiterait entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an. Ces chiffres, qualifiés de « faramineux » par Éric Jeansannetas, rapporteur socialiste, ont joué un rôle clé dans la décision sénatoriale.
Une suppression approuvée par une majorité parlementaire
Lors du vote, les sénateurs ont opté pour :
- La suppression des crédits de près de 100 millions d’euros initialement dédiés au SNU.
- La réaffectation de 80 millions d’euros vers le budget des Sports, en baisse après les JO 2024.
Éric Jeansannetas a notamment souligné les limites logistiques du projet :
« Il est impossible de trouver suffisamment de centres pour accueillir tous les jeunes. »
Marie Barsacq défend le SNU : « Pas le moment de sacrifier ce programme »
La ministre des Sports et de la Jeunesse, Marie Barsacq, a exprimé son opposition à cette suppression :
« Sacrifier le SNU pour renforcer le sport n’est pas une solution. »
Elle a néanmoins reconnu les imperfections du programme et annoncé la mise en place d’un groupe de travail interministériel, chargé d’adapter le dispositif pour la rentrée 2026.
Un abandon quasi certain pour le gouvernement Bayrou
La suppression des crédits au Sénat fait écho à un vote similaire à l’Assemblée nationale à l’automne. Avec une majorité parlementaire opposée, le gouvernement François Bayrou se retrouve dans une impasse. À moins d’un recours au 49.3 ou d’un compromis, l’abandon du SNU semble inéluctable.
Un avenir incertain pour le projet d’Emmanuel Macron
Promesse de campagne phare, le SNU devait devenir obligatoire pour tous les jeunes de 15 à 17 ans dès 2026. Sa suppression marque un coup dur pour Emmanuel Macron, déjà confronté à des critiques sur d’autres projets symboliques.
Alors que le débat sur l’engagement citoyen et le patriotisme continue, les fonds réorientés vers les sports pourraient contribuer à renforcer les infrastructures locales, offrant un bénéfice immédiat pour la jeunesse, mais laissant en suspens la question d’une politique nationale dédiée à la cohésion sociale.