La première motion de censure déposée par La France insoumise (LFI), soutenue par les écologistes et les communistes, contre le gouvernement de François Bayrou, a été rejetée ce jeudi 16 janvier 2025 à l’Assemblée nationale. Avec 131 voix en faveur, loin des 288 nécessaires, le texte n’a pas fait trembler la majorité, notamment grâce au Parti socialiste (PS) et au Rassemblement national (RN), qui ont refusé de voter en sa faveur.
Un parlementarisme tourné vers le dialogue et les concessions
Le rejet de cette motion marque un tournant dans la stratégie politique française. Le Premier ministre François Bayrou a misé sur le dialogue et le compromis pour consolider son gouvernement, pourtant dépourvu de majorité absolue. Cette approche a permis d’arracher des concessions importantes sur des sujets clés, tels que la fiscalité, l’Éducation nationale et la réforme des retraites.
« Nous devons incarner une gauche qui propose et qui avance », a déclaré Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.
Les socialistes divisés mais stratégiques
Le Parti socialiste, au centre des débats, a longuement hésité avant de trancher. Finalement, après des discussions internes, le PS a décidé de ne pas soutenir la motion. Olivier Faure a justifié ce choix en mettant en avant les acquis obtenus auprès du gouvernement :
- Budget Outre-mer : une augmentation de 11 %.
- Éducation nationale : préservation de 4 000 postes initialement menacés.
- Réforme des retraites : un engagement pour une renégociation transparente.
Toutefois, Faure a rappelé que le PS reste dans l’opposition, prêt à déposer une nouvelle motion si le gouvernement verrouille les débats, notamment sur les retraites.
Une fracture au sein de la gauche
La décision du PS de ne pas voter la censure a provoqué des tensions au sein de l’alliance de gauche.
- Jean-Luc Mélenchon, chef de file de LFI, a dénoncé sur les réseaux sociaux une décision qui « fracture » l’union de la gauche.
- Éric Coquerel, député LFI, a accusé le PS de participer, de facto, à une majorité implicite.
Cependant, Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a relativisé :
« Ce désaccord stratégique n’efface pas l’alliance de gauche. »
Un gouvernement sous pression malgré tout
Si François Bayrou a évité de justesse une crise immédiate, le spectre de nouvelles motions de censure plane.
- Budget de l’État et de la Sécurité sociale : l’adoption prévue d’ici fin février pourrait rouvrir les débats.
- Article 49.3 : Bayrou pourrait recourir à cet outil constitutionnel pour faire passer ses textes en force, au risque d’intensifier les tensions.
Vers une gouvernance instable ?
Le rejet de cette motion n’est qu’une étape pour François Bayrou, dont le gouvernement devra naviguer entre compromis et opposition frontale dans les mois à venir. Avec une majorité relative et des alliances fluctuantes, chaque décision sera un test pour la cohésion parlementaire. Le Premier ministre, conscient de cette réalité, devra redoubler d’efforts pour concilier les attentes des différentes forces politiques.