Un sondage récent révèle que 74% des Français se disent favorables à la suppression des accords franco-algériens de 1968, qui facilitent l’entrée, le séjour et l’emploi des ressortissants algériens en France. Ce sujet, au cœur des débats politiques, suscite des opinions tranchées, particulièrement dans un contexte de tensions diplomatiques entre les deux pays.
Accords de 1968 : un régime privilégié en question
Les accords franco-algériens de 1968 confèrent aux Algériens des facilités spécifiques pour leur séjour et leur emploi en France, les plaçant dans une situation distincte des autres ressortissants étrangers. Cependant, ces dispositions, héritées d’une histoire commune complexe, sont aujourd’hui remises en cause par une partie de la classe politique. De Gabriel Attal à Marine Le Pen, plusieurs figures publiques appellent à réévaluer ces privilèges.
Selon un sondage CSA pour CNEWS, Europe 1 et le JDD, 74% des Français souhaitent la suppression de ces accords. À l’opposé, 25% des répondants s’y opposent, et 1% préfèrent ne pas se prononcer.
Un soutien marqué chez les plus de 50 ans
Le soutien à la suppression des accords est particulièrement marqué parmi les personnes âgées de 50 ans et plus, avec un taux d’adhésion atteignant 79%. Les jeunes adultes, âgés de 25 à 34 ans, se montrent plus partagés : 34% d’entre eux s’y opposent, bien que la majorité reste favorable à la mesure.
Du côté des catégories socio-professionnelles, les résultats sont assez homogènes. Le « oui » recueille 77% chez les CSP+, 75% chez les CSP-, et 71% chez les inactifs.
Une question qui divise selon les affinités politiques
Les préférences politiques jouent un rôle déterminant dans les réponses. Les électeurs de droite et d’extrême droite se montrent massivement favorables à la suppression des accords :
- 94% des sympathisants du Rassemblement national (RN) soutiennent cette mesure.
- 88% des électeurs des Républicains (LR) partagent cet avis.
Du côté de la majorité présidentielle (Renaissance), l’adhésion est également forte, atteignant 81%.
À gauche, les avis sont plus divisés. Les sympathisants de La France insoumise (LFI) et du Parti socialiste (PS) se disent majoritairement favorables (respectivement 53% et 62%), mais moins largement que leurs homologues de droite. Les partisans d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) sont, en revanche, légèrement opposés à la mesure, avec 51% de « non ».
Un débat relancé dans un contexte de tensions
Les tensions diplomatiques récentes entre la France et l’Algérie donnent un écho particulier à ce débat. La remise en question des accords de 1968 intervient alors que le gouvernement cherche à réviser plusieurs aspects de sa politique migratoire. Le ministre de l’Intérieur a déjà évoqué des réformes visant à harmoniser les règles d’immigration, tandis que certains acteurs politiques plaident pour une rupture plus nette avec ces accords historiques.
La suppression de ces accords, si elle venait à être décidée, pourrait marquer un tournant dans les relations franco-algériennes, tout en modifiant significativement les conditions de séjour et d’emploi pour des milliers de ressortissants algériens en France.