Alors que la France est toujours sans budget pour 2025 à la suite de la censure du gouvernement Michel Barnier en décembre, l’équipe dirigée par François Bayrou redouble d’efforts pour élaborer un projet de loi de finances acceptable. Avec un déficit public attendu entre 5 % et 5,5 % du PIB à la fin de l’année, le gouvernement fait face à un véritable défi budgétaire. Entre réduction des dépenses, nouvelles taxes et réformes fiscales, voici les pistes explorées.
Des coupes dans les dépenses publiques
Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, a confirmé que la majeure partie de l’effort budgétaire de 50 milliards d’euros passerait par une réduction des dépenses publiques. Ce montant, inférieur aux 60 milliards envisagés par Michel Barnier, inclut des économies ciblées sur plusieurs fronts :
- Éducation : Le projet initial prévoyait la suppression de 4 000 postes d’enseignants. Cependant, un amendement sénatorial pourrait réduire ce chiffre à 2 000 suppressions.
- Collectivités locales : Les économies demandées aux collectivités seront revues à la baisse, passant de 5 à 2 milliards d’euros, un compromis jugé « courageux » par Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics.
Taxation des grandes entreprises
Le gouvernement souhaite maintenir la taxation exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises, déjà discutée sous Michel Barnier. Cette mesure, qui vise les sociétés réalisant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros, devrait générer 8 milliards d’euros de recettes.
Cependant, en raison du principe de non-rétroactivité fiscale, la contribution ne pourra pas s’appliquer aux bénéfices de 2024. Une solution alternative est en cours d’élaboration, selon Éric Lombard, pour garantir que cette mesure soit mise en œuvre.
Lutte contre la « suroptimisation fiscale »
La réforme de la fiscalité des hauts revenus reste un sujet de débat. Si la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ne sera pas conservée sous sa forme actuelle, le gouvernement prévoit un plan d’action pour lutter contre les abus fiscaux. La ministre Amélie de Montchalin souhaite s’attaquer aux montages financiers complexes utilisés par les plus fortunés pour réduire leur imposition.
Hausse potentielle de la « flat tax »
Le gouvernement envisage de relever le prélèvement forfaitaire unique sur les revenus du capital, fixé à 30 % depuis 2018. Une augmentation à 33 %, comme proposée par le Sénat en novembre, pourrait être discutée. Toutefois, aucune décision n’a encore été prise.
Aucun impact fiscal pour les classes moyennes
Amélie de Montchalin a exclu toute hausse d’impôts qui affecterait directement le pouvoir d’achat des classes moyennes. La TVA, par exemple, ne sera pas modifiée. Par ailleurs, le gouvernement prévoit de revaloriser le barème de l’impôt sur le revenu pour compenser l’inflation, une mesure indispensable pour éviter de pénaliser les contribuables.
Nouvelles taxes ciblées
Deux mesures phares du projet de budget précédent seront conservées :
- Taxe sur les billets d’avion : Une hausse destinée à aligner les pratiques françaises sur les objectifs environnementaux.
- Taxe sur le rachat d’actions : Cette mesure vise les entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros et devrait rapporter 200 millions d’euros.
Adoption prévue en février
L’équipe gouvernementale espère parvenir à un compromis d’ici février pour faire adopter cette feuille de route budgétaire. Éric Lombard s’est montré optimiste, affirmant que des discussions avec les différents partis politiques pourraient déboucher sur un texte équilibré et consensuel.
Avec des mesures mêlant réductions de dépenses, nouvelles recettes et justice fiscale, le projet de loi de finances pour 2025 s’annonce crucial pour redresser les finances publiques tout en ménageant le pouvoir d’achat des Français. Reste à voir si ces propositions réussiront à convaincre les parlementaires.