Alors que sa déclaration de politique générale est attendue le 14 janvier, le Premier ministre François Bayrou a esquissé les priorités de son action lors d’une interview sur BFMTV, lundi soir. Il s’est exprimé sur la composition de son gouvernement, la crise des finances publiques et les défis parlementaires à venir. Voici les points clés.
1. Une composition gouvernementale sous le feu des critiques
Refus d’influence du RN
François Bayrou a réfuté toute « influence » du Rassemblement national (RN) sur la composition de son gouvernement, en réponse aux accusations de Xavier Bertrand, qui a refusé d’intégrer l’équipe ministérielle. Selon le Premier ministre, Xavier Bertrand proposait une démarche jugée « violente » pour le ministère de la Justice, une approche incompatible avec sa vision de ce poste, qu’il souhaite axé sur la « pacification et l’équité ». Le portefeuille de la Justice est finalement revenu à Gérald Darmanin.
2. Réduction du déficit public : une priorité absolue
Objectif de 5 % pour 2025
François Bayrou a fixé un cap clair pour les finances publiques : un déficit « autour de 5 % » ou légèrement supérieur en 2025, là où son prédécesseur, Michel Barnier, avait déjà placé la barre.
- Le Premier ministre s’engage à limiter les « charges fiscales supplémentaires », privilégiant une réduction des dépenses publiques.
- Le chantier du budget 2025 est urgent, avec Éric Lombard et Laurent Saint-Martin à la manœuvre.
Une méthode prudente au Parlement
François Bayrou a assuré qu’il n’utiliserait le 49.3 pour faire passer le budget que « en dernier recours », laissant entrevoir des batailles parlementaires avec le Nouveau Front populaire (NFP) et le RN, qui pourraient bloquer les textes.
3. Réforme des retraites : pas de suspension en vue
Malgré les pressions de la gauche, François Bayrou a exclu toute suspension ou gel de la réforme des retraites de 2023, qui a relevé l’âge légal de départ à 64 ans.
- « Dans quel monde vivent-ils ? », a-t-il lancé, rappelant que les agences de notation surveillent de près la situation économique française.
- Toutefois, il s’est dit prêt à raccourcir le délai de discussion sur cette réforme de neuf mois à six mois, montrant une certaine ouverture au dialogue.
4. Immigration : priorité à l’exécution des mesures existantes
François Bayrou a opté pour une approche pragmatique sur l’immigration, rejetant l’idée d’une « grande loi de communication ».
- Il souhaite mettre en œuvre les mesures déjà votées et renforcer les pressions diplomatiques sur les pays qui refusent de réadmettre leurs ressortissants frappés d’obligation de quitter le territoire français (OQTF).
- L’accent sera mis sur des propositions de loi ciblées, notamment via les assemblées.
5. La confiance face aux motions de censure
« Persuadé » d’échapper à une censure
François Bayrou se dit « persuadé » que son gouvernement ne sera pas renversé, malgré une situation parlementaire complexe. Il affirme que son action et celle de son équipe sauront convaincre les députés.
Pas de vote de confiance
Lors de sa déclaration de politique générale, François Bayrou ne sollicitera pas de vote de confiance, une démarche facultative pour le Premier ministre. Il s’attend cependant à des motions de censure, qu’il dit vouloir « respecter dans leur statut ».
Une relation apaisée avec l’Élysée
François Bayrou a minimisé les tensions avec Emmanuel Macron, affirmant ne pas vouloir se laisser entraîner dans un « affrontement stérile ». Il reste déterminé à travailler en harmonie avec le président pour mener à bien les réformes.
6. Marine Le Pen qualifiée d’extrême droite
Dans une de ses déclarations les plus tranchées, François Bayrou a qualifié Marine Le Pen de figure de « l’extrême droite politiquement », prenant ses distances avec le RN malgré les échanges nécessaires au Parlement.
Un mandat qui s’annonce difficile mais ambitieux
François Bayrou devra naviguer dans un contexte tendu, marqué par une crise budgétaire, des blocages parlementaires, et des oppositions multiples. Son pari : allier pragmatisme et fermeté pour maintenir l’équilibre tout en répondant aux attentes des Français. Le rendez-vous du 14 janvier sera une étape décisive pour évaluer la capacité du Premier ministre à rallier les voix nécessaires et à s’imposer durablement à Matignon.