Après une augmentation de 8 % en 2024, les Français devront faire face à une nouvelle hausse moyenne de 6 % des cotisations des mutuelles en 2025. Cette décision, justifiée par une explosion des dépenses de santé, alimente le débat sur la gestion des complémentaires santé et l’avenir du système de remboursement.
Pourquoi les cotisations augmentent-elles encore en 2025 ?
Selon l’enquête annuelle de la Mutualité Française, qui regroupe 41 complémentaires santé, les augmentations seront réparties comme suit :
- Contrats individuels : +5,3 %.
- Contrats collectifs obligatoires : +7,3 %.
- Contrats collectifs facultatifs : +6,8 %.
Des dépenses en forte hausse
La hausse des cotisations s’explique notamment par :
- Une augmentation des dépenses en optique (+6,2 %) et en dentaire (+5,5 %) en 2023.
- Le financement de nouveaux traitements, comme ceux contre la bronchiolite.
- Une prévention bucco-dentaire accrue, qui représente plus de 2 milliards d’euros pour 2025, selon les estimations de la Mutualité Française.
Un contexte de déficit de la Sécurité sociale
Les mutuelles anticipent également des charges supplémentaires liées à la réduction des remboursements de l’Assurance maladie envisagée dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Elles estiment que ces ajustements pourraient leur coûter 900 millions d’euros supplémentaires.
Un système sous pression : que disent les acteurs ?
La Mutualité Française défend une hausse « nécessaire »
Pour Éric Chenut, président de la Mutualité Française :
« Cette hausse est indispensable pour garantir la pérennité de la protection sociale. Les dépenses de santé augmentent deux à trois fois plus vite que la richesse nationale. »
Il souligne également l’impact du vieillissement de la population et des avancées scientifiques, qui alourdissent les charges des organismes.
Des frais de gestion critiqués
L’UFC-Que Choisir dénonce des frais de gestion élevés, représentant entre 10 % et 28 % des budgets des complémentaires santé, contre seulement 4 % pour la Sécurité sociale. Ces frais, souvent jugés excessifs, alimentent les tensions autour de la gestion des mutuelles.
Une riposte des mutualistes
Stéphane Junique, président du groupe mutualiste VYV, défend ces frais :
« Ils financent des actions de prévention et un réseau d’agences de proximité, indispensables au bon fonctionnement du système. »
Des mutuelles en déficit, mais globalement solides
Malgré une augmentation des dépenses de santé de 6,4 % en 2023, les résultats en santé des mutuelles affichent un déficit de 0,4 %, une première depuis 2011. Toutefois, selon la Drees, leurs fonds propres restent solides, largement au-dessus des exigences réglementaires. Cela leur permet d’absorber, pour l’instant, les fluctuations économiques.
Quel avenir pour les mutuelles et les assurés ?
Face à la hausse continue des cotisations, plusieurs pistes sont envisagées pour maîtriser les coûts :
- Limiter la sur-prescription et les redondances d’examens.
- Lutter contre la fraude sociale.
- Renforcer les investissements dans la prévention pour réduire les dépenses à long terme.
Cependant, cette nouvelle hausse pose une question cruciale : jusqu’à quel point les Français pourront-ils supporter l’augmentation des coûts de leur complémentaire santé ? Avec un système de santé sous tension et un déficit de la Sécurité sociale dépassant 18 milliards d’euros, les enjeux pour l’avenir de la protection sociale s’annoncent majeurs.