À la veille du vote des motions de censure déposées par le Rassemblement national (RN) et la gauche, en réponse au recours au 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale, le premier ministre Michel Barnier s’est exprimé pour tenter de sauver son gouvernement. Malgré les concessions annoncées ces derniers jours, la menace d’un renversement semble imminente.
Michel Barnier a choisi de s’adresser directement aux Français en apparaissant aux « 20 heures » de TF1 et de France 2, rappelant les conséquences graves d’une motion adoptée. Entre avertissements économiques et critiques adressées à ses oppositions, le chef du gouvernement a tenté de mobiliser les députés au nom de « l’intérêt supérieur du pays ».
Un risque d’augmentation d’impôts pour 18 millions de Français
Le premier ministre n’a pas hésité à dramatiser l’impact d’un rejet du budget 2025. Selon lui, en cas de censure :
- 18 millions de contribuables verront leur impôt sur le revenu augmenter, tandis que d’autres en paieront pour la première fois.
- Une « instabilité économique » se traduira par une hausse immédiate des taux d’intérêt.
Michel Barnier a exhorté les députés à faire preuve de « responsabilité », soulignant que ce vote dépassait les simples considérations politiques : « Ce n’est pas une question de survie politique, mais d’éviter des conséquences graves pour le pays. »
Barnier dénonce des « stratégies destructrices » de la gauche et du RN
Une alliance improbable, source de chaos selon le premier ministre
Michel Barnier a critiqué le soutien du RN à la motion de censure portée par la gauche, qu’il qualifie de démarche contradictoire. S’appuyant sur le texte de la motion, il a souligné les attaques explicites contre le RN : « Les électeurs du RN se sentiront-ils respectés en voyant leur parti voter un texte dénonçant leurs “obsessions viles” ? »
L’attitude de Marine Le Pen, qui a négocié jusqu’au dernier moment, a été décrite comme une tentative de « marchandage » par le chef du gouvernement. Toutefois, Barnier a affirmé avoir fait des avancées significatives sur plusieurs dossiers sensibles, notamment sur le déremboursement des médicaments et l’AME.
« Ce n’est pas moi qui suis en cause » : un plaidoyer au-delà de sa fonction
Michel Barnier a tenu à prendre du recul sur sa situation personnelle, insistant sur l’importance des enjeux collectifs. « Une motion de censure, ce n’est pas un vote pour ou contre Barnier. C’est un vote sur un texte », a-t-il déclaré.
Reconnaissant la fragilité de sa position, le premier ministre a rappelé qu’il opérait dans un contexte parlementaire fracturé, sans majorité stable. Cependant, il a mis en garde contre le « chaos » qui découlerait d’une alliance opportuniste entre la droite nationaliste et la gauche.
Pas de retour à Matignon en cas de renversement
Interrogé sur la possibilité d’être renommé premier ministre après un éventuel renversement, Michel Barnier a fermement rejeté cette hypothèse. « Que si je tombe demain, après-demain, on me retrouve là comme si rien ne s’était passé ? Cela n’aurait aucun sens », a-t-il ironisé.
Cependant, il a conclu son intervention sur une note de dignité, affirmant son « envie de servir » et considérant sa fonction actuelle comme « un grand honneur ».