Sept heures de travail gratuit par an pour tous les actifs : une idée audacieuse adoptée par le Sénat, mais qui divise profondément l’opinion et les élus.
Une réponse à l’urgence budgétaire
Mercredi 20 novembre, le Sénat a adopté une mesure controversée visant à imposer à chaque actif en France sept heures de travail non rémunéré par an. Objectif : renflouer les caisses de la Sécurité sociale, en difficulté face au vieillissement de la population.
Cette initiative, surnommée « contribution de solidarité », promet de rapporter 2,5 milliards d’euros annuels, entièrement dédiés au financement de l’autonomie. Elle s’ajoute à la journée de solidarité instaurée en 2004 et destinée au soutien des personnes âgées et handicapées.
Pourquoi cette mesure ?
La sénatrice centriste Élisabeth Doineau, rapporteure générale, a justifié cette décision par la nécessité de répondre à une situation critique :
« Il faut financer le mur du grand âge et accompagner la transformation de nos Ehpad, même si ce n’est pas une décision facile. »
Concrètement, la mesure vise à :
Renforcer les financements pour le maintien à domicile des personnes âgées.
Moderniser les Ehpad, souvent critiqués pour leurs infrastructures vétustes.
Anticiper l’augmentation des besoins liés au vieillissement de la population.
Un débat qui divise les élus
Adoptée à 216 voix contre 119, cette proposition reflète la volonté du Sénat, dominé par la droite et le centre, de prendre les devants dans les débats budgétaires. Mais les critiques n’ont pas manqué :
Le gouvernement sur la réserve :
Bien que défavorable « à ce stade », le gouvernement s’est dit prêt à discuter avec les partenaires sociaux pour retravailler la mesure.
Une opposition farouche :
Certains parlementaires dénoncent une approche qu’ils jugent injuste et risquée :
« Demander un effort supplémentaire aux salariés, c’est ignorer leur réalité quotidienne et leur pouvoir d’achat déjà fragilisé », a déclaré un sénateur socialiste.
Des inquiétudes économiques :
Les entreprises pourraient-elles absorber l’impact de cette mesure ? Les indépendants seront-ils pénalisés ? Autant de questions qui restent en suspens.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Avant d’être appliquée, cette proposition devra passer par une commission mixte paritaire, réunissant députés et sénateurs, prévue la semaine prochaine. Les négociations s’annoncent tendues, surtout avec la possibilité d’un recours au 49.3 par le gouvernement pour faire adopter l’ensemble du budget de la Sécurité sociale.
Une initiative nécessaire ou un faux pas politique ?
Face à un déficit abyssal de 60 milliards d’euros, cette idée reflète une urgence budgétaire, mais aussi une tension croissante entre l’État, les élus et les citoyens. Si la mesure venait à être confirmée, elle pourrait devenir l’une des réformes les plus impopulaires des dernières années.
Le débat est loin d’être clos, et ses répercussions, tant politiques qu’économiques, s’annoncent majeures.