Les départements dirigés par des élus de la droite, du centre et des indépendants (DCI) menacent de suspendre les versements du revenu de solidarité active (RSA) à partir du 1er janvier 2025, une mesure qui pourrait plonger des millions de bénéficiaires dans l’incertitude. La raison : les coupes budgétaires envisagées dans le projet de loi de finances pour 2025.
Une décision qui pourrait marquer un tournant
Lors d’une déclaration commune, les départements membres du groupe DCI ont dénoncé des restrictions budgétaires qu’ils jugent insoutenables. Ces collectivités sont les principales responsables du versement du RSA, une prestation sociale essentielle pour les plus précaires.
Le budget 2025 prévoit une réduction de 5 milliards d’euros pour les collectivités, dont 2,2 milliards pour les seuls départements. Une situation qui, selon ces élus, compromet leur capacité à financer le dispositif.
« Si le gouvernement ne revoit pas sa copie, nous ne pourrons plus garantir le versement du RSA dès janvier », ont-ils averti.
Un impact à l’échelle nationale
Cette décision pourrait toucher des allocataires dans 71 départements, couvrant la majorité des régions françaises. Parmi les plus concernées, figurent notamment :
Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes ;
Auvergne-Rhône-Alpes, incluant des départements comme l’Isère ou le Rhône ;
Normandie, où des territoires entiers comme la Seine-Maritime et le Calvados seraient impactés ;
Île-de-France, région comptant plusieurs départements stratégiques comme les Yvelines et le Val-de-Marne.
Les Outre-mer ne seraient pas épargnés, avec des territoires comme La Réunion ou Mayotte également visés par cette suspension.
Les plus précaires en première ligne
L’arrêt des versements pourrait entraîner une crise sociale majeure. Aujourd’hui, le RSA bénéficie à près de 2 millions de foyers en France. Il constitue souvent la seule source de revenu pour des ménages en grande difficulté.
Certains départements évoquent néanmoins une solution provisoire : le prêt des fonds nécessaires par l’État pour garantir le maintien des prestations. Mais les élus DCI s’inquiètent de l’absence d’engagement concret dans ce sens.
Un bras de fer budgétaire
La situation met en lumière les tensions croissantes entre le gouvernement et les collectivités locales. Alors que l’État cherche à réduire ses dépenses, les départements rappellent qu’ils assument une charge financière de plus en plus lourde, souvent sans compensation suffisante.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement. Une révision du projet de loi de finances pourrait permettre de désamorcer la crise et d’éviter une suspension du RSA qui serait une première dans l’histoire de ce dispositif.
L’enjeu est d’autant plus critique que les discussions budgétaires doivent aboutir avant la fin de l’année. Pour les allocataires, l’attente se fait pesante, dans un contexte où l’inflation et la précarité n’ont jamais été aussi fortes.