Un recul alarmant confirmé en 2024
Le nombre de naissances en France poursuit sa chute, atteignant un niveau historiquement bas. Selon les données de l’Insee publiées ce vendredi, les naissances ont reculé de 2,7 % entre janvier et septembre 2024 par rapport à la même période en 2023.
L’année 2023 avait déjà marqué un tournant avec une baisse record de 6,6 %, portant le nombre total de naissances à 677.800, un seuil jamais atteint depuis 1945. Ce déclin s’inscrit dans une tendance qui s’accélère, renforcée par des facteurs contextuels et structurels.
Pourquoi les Français font-ils moins d’enfants ?
Un climat d’incertitude pesant
L’environnement actuel, marqué par des crises multiples, joue un rôle déterminant dans cette baisse :
Guerres en Ukraine et au Proche-Orient : ces conflits alimentent un sentiment d’insécurité.
Inflation et instabilité économique : les contraintes financières découragent les projets familiaux.
Changements sociaux : les priorités évoluent, notamment chez les jeunes générations.
Catherine Scornet, maîtresse de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, explique : « Pour envisager la parentalité, il faut être porté par l’espoir, mais le climat actuel peut peser lourdement sur cette décision. »
Une évolution des aspirations personnelles
Au-delà des contextes externes, la société française connaît une transformation des attentes et des modes de vie :
Diminution des femmes en âge de procréer : moins de femmes âgées de 20 à 40 ans signifie mécaniquement moins de naissances.
Changements d’aspirations : de plus en plus de femmes et d’hommes choisissent de se réaliser autrement que par la parentalité.
Les femmes diplômées sont particulièrement concernées, privilégiant souvent leur carrière ou d’autres objectifs personnels.
Didier Breton, chercheur à l’Institut national d’études démographiques, souligne : « La pression sociale à avoir des enfants diminue, ce qui explique l’augmentation du nombre de personnes sans enfant. »
Une spécificité française en déclin
La France, longtemps reconnue pour ses nombreuses familles de trois enfants, voit cette tendance s’affaiblir.
Moins de couples passent de deux à trois enfants : un choix souvent motivé par des considérations de confort matériel.
Cette évolution rapproche la France des standards européens, marquant la fin d’une particularité nationale.
Le contexte européen : une baisse généralisée
En 2023, 22 pays sur 27 dans l’Union européenne ont enregistré une diminution des naissances.
France : recul de 6,6 %.
Moyenne européenne : baisse de 5,5 %, avec une accélération notable en Europe occidentale et orientale.
Malgré tout, le taux de fécondité français reste le plus élevé de l’UE, atteignant 1,79 enfant par femme en 2022, contre une moyenne européenne de 1,46.
Réponses politiques et perspectives
Face à cette crise démographique, Emmanuel Macron avait appelé en 2023 à un « réarmement démographique ». Cependant, les réformes envisagées pour soutenir la natalité ont été suspendues en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.
Les spécialistes appellent à repenser les politiques familiales et sociales pour répondre aux attentes des générations actuelles. Le défi est de taille : préserver la dynamique démographique tout en respectant les aspirations des individus.