Une réponse à la réforme de l’Assemblée nationale
Dans un entretien exclusif accordé au quotidien Ouest-France, le Premier ministre Michel Barnier a confirmé son intention de recourir « probablement » à l’article 49.3 de la Constitution pour adopter le budget 2025. Cette disposition permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote parlementaire.
« Quand je vois ce qu’il s’est passé à l’Assemblée, où le projet de budget pour 2025 a été profondément modifié par la gauche, il me semble difficile de faire autrement au bout de la discussion. » – Michel Barnier
Le Premier ministre souligne toutefois que son gouvernement a permis un débat approfondi au Parlement avant de prendre cette décision.
Le soutien de l’opinion publique, selon Barnier
Conscient des potentielles répercussions d’un recours à l’article 49.3, Michel Barnier se dit confiant face à l’opinion publique. Selon lui, les Français souhaitent la stabilité de son gouvernement et encouragent la persévérance.
« Ce que j’entends le plus, c’est »courage, tenez bon ». Croyez-moi, je n’en manque pas. »
Budget 2025 : des ajustements en faveur des collectivités locales
Michel Barnier a également annoncé des « ajustements significatifs » pour les collectivités, qui craignent une « asphyxie » budgétaire due aux économies demandées. Alors qu’une réduction de 5 milliards d’euros leur est imposée, le Premier ministre répond aux préoccupations des départements et des maires :
Pas de recréation de la taxe d’habitation : malgré des demandes de certains élus, il n’envisage pas de rétablir cette taxe supprimée sous Emmanuel Macron.
Pas de nouveaux impôts locaux : le gouvernement reste ferme sur ce point malgré l’ouverture d’un débat sur la fiscalité locale par la ministre Catherine Vautrin.
Des mesures économiques et sociales en réponse aux défis actuels
Une « task force » pour gérer les plans sociaux
Anticipant une hausse des plans sociaux dans les entreprises, Barnier annonce la création d’une task force intergouvernementale impliquant les ministères du Travail, de l’Industrie, des Finances et du Budget. Cette équipe aura pour mission d’intervenir rapidement sur chaque situation particulière.
« Nous demandons aux entreprises ayant bénéficié d’aides publiques de nous rendre des comptes sur leur utilisation. »
Réserves sur la suppression d’un jour férié pour financer la Sécurité sociale
Le Premier ministre se montre « très réservé » quant à l’idée de supprimer un jour férié pour renforcer les finances de la Sécurité sociale. Selon lui, cette mesure, complexe à mettre en œuvre, ne générerait pas les gains espérés.
« Ce qui est en jeu, c’est qu’il y ait davantage de Français qui travaillent », explique-t-il, en mettant l’accent sur le dialogue social pour soutenir l’emploi.
Éducation : un soutien aux enseignants
Michel Barnier défend également le travail des enseignants, en désaccord avec les propos de Nicolas Sarkozy, qui avait estimé que les professeurs des écoles ne travaillent que « six mois par an ». Le Premier ministre souligne leur engagement et l’importance de leur mission :
« Les professeurs des écoles, qui s’occupent seuls de toute une classe du matin au soir, font un travail à la fois difficile et essentiel. »
Une collaboration « simple et fluide » avec le Président
Enfin, Michel Barnier décrit ses relations avec le président de la République comme « simples et fluides » et n’exclut pas l’idée d’organiser des réunions décentralisées du gouvernement pour se rapprocher des réalités locales.