Une évolution marquée par des changements sociétaux majeurs
Mercredi, une nouvelle étude de l’Inserm et de l’ANRS a mis en lumière les changements profonds de la sexualité des Français au cours des dix dernières années. Entre le recul de l’âge du premier rapport sexuel, des pratiques de plus en plus diversifiées, et une montée des violences sexuelles, cette étude dévoile les conséquences des bouleversements sociétaux comme le mouvement #MeToo et la crise du Covid-19.
Un âge du premier rapport en hausse
L’étude, qui repose sur les réponses de plus de 31 000 personnes de 15 à 89 ans en métropole et dans plusieurs territoires ultra-marins, révèle un recul de l’âge médian du premier rapport sexuel :
18,2 ans pour les femmes
17,7 ans pour les hommes
Ce changement s’inscrit dans un mouvement de long terme, selon Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l’Inserm, et va au-delà des effets récents de #MeToo.
Des pratiques sexuelles plus diversifiées
L’étude dévoile une diversification notable des pratiques sexuelles. Si les rapports vaginaux restent majoritaires, la proportion de personnes déclarant avoir eu d’autres expériences sexuelles (masturbation, sexe oral, rapports anaux) a augmenté. En parallèle, certains indicateurs d’activité sexuelle ont baissé :
En 2023, 77,2 % des femmes et 81,6 % des hommes âgés de 18 à 69 ans rapportent avoir eu une activité sexuelle dans les 12 derniers mois, en baisse par rapport à 2006.
Nombre moyen de partenaires au cours de la vie :
Femmes : de 3,4 en 1992 à 7,9 en 2023
Hommes : stable jusqu’en 2006 (autour de 11), mais en hausse à 16,4 en 2023
Une montée des violences sexuelles alarmante
L’enquête montre une augmentation inquiétante des violences sexuelles :
29,8 % des femmes de 18 à 69 ans en 2023 déclarent avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé, contre 15,9 % en 2006.
8,7 % des hommes rapportent des expériences similaires, contre 4,6 % en 2006.
Ces chiffres rappellent la persistance des violences sexuelles en dépit de la prise de conscience accrue et des campagnes contre les abus.
Une sexualité moins exclusivement hétérosexuelle
Enfin, l’étude montre une augmentation des comportements non exclusivement hétérosexuels, en particulier chez les femmes, qui déclarent davantage d’expériences homosexuelles que les hommes en 2023, une première.
Vers un changement de normes ? Les résultats reflètent des évolutions significatives dans la perception du consentement et la diversité des pratiques, révélant ainsi une évolution des normes sociales influencée par des mouvements sociétaux et une plus grande sensibilisation aux droits individuels.