Le gouvernement français s’apprête à renforcer la surveillance des recherches en ligne, s’appuyant sur des outils d’intelligence artificielle pour mieux comprendre et anticiper les mouvements d’opinion publique. Cette initiative soulève des questions quant à la vie privée et aux implications éthiques d’une telle surveillance.
Un Projet de Veille Renforcée
Un Appel d’Offres pour Accroître la Surveillance
Le Service d’information du gouvernement (SIG) a récemment lancé un appel d’offres, révélant son intention de moderniser et d’élargir sa capacité à surveiller les tendances sur Internet. Cette démarche vise à compléter l’analyse des réseaux sociaux par une surveillance des recherches effectuées par les citoyens, une première dans cette ampleur.
Repéré par le média L’informé, cet appel d’offres s’inscrit dans le cadre d’un effort de veille et de collecte d’informations permettant au gouvernement de saisir les « signaux faibles », des signes précurseurs de tensions sociales ou de mobilisations populaires.
Pourquoi une Surveillance des Recherches en Ligne ?
L’objectif de ce projet est de donner aux autorités la capacité de réagir rapidement à l’émergence de mouvements contestataires, avant qu’ils ne prennent de l’ampleur, à l’image de la crise des Gilets jaunes. L’analyse des discussions et des recherches sur des figures publiques, y compris des personnalités politiques telles qu’Emmanuel Macron, doit permettre de suivre les préoccupations de la société française.
Un Budget Conséquent et des Limites Précises
Respect de la Vie Privée : Un Engagement Réitéré
Le projet est doté d’un budget de 5 millions d’euros pour une durée de quatre ans. Toutefois, le SIG assure que seules les données accessibles publiquement seront prises en compte, comme les échanges sur des forums ouverts, les pages publiques sur les réseaux sociaux, et les contenus visibles sur Internet.
La collecte de données privées est exclue, garantissant ainsi une certaine protection de la vie privée. Le dispositif est également soumis au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Des Questions Éthiques et des Réactions Partagées
L’IA au Service de la Prévention ou de la Surveillance ?
Bien que le SIG insiste sur la conformité aux règles de protection des données, l’ampleur de la collecte de données et l’utilisation d’algorithmes d’IA pour les analyser suscitent des inquiétudes. La capacité de l’État à surveiller les tendances de fond avant même qu’elles ne soient pleinement visibles pose des questions sur le respect des libertés individuelles.
Un Débat Nécessaire
Les défenseurs des libertés numériques et les experts en protection de la vie privée s’interrogent : jusqu’où peut-on aller pour prévenir les crises sociales sans empiéter sur la vie privée des citoyens ? Cette surveillance accrue, bien qu’elle soit justifiée par un besoin de sécurité et d’anticipation, appelle à un débat sur l’équilibre entre sécurité publique et liberté individuelle.