Avec un marché immobilier de plus en plus tendu, notamment dans les grandes villes, une nouvelle forme de bail illégal prend de l’ampleur : le « bail code civil ». Certains propriétaires, profitant de la demande croissante de logements, tentent d’imposer ce type de contrat aux locataires, au mépris des lois. Cette pratique, en plus d’être souvent illégale, est désavantageuse pour les locataires, qui se retrouvent sans les protections légales prévues pour une location classique.
Un bail en apparence légal, mais souvent inadapté
Face à la pénurie de logements en Île-de-France et dans les grandes métropoles, certains propriétaires ont recours au bail code civil pour louer leurs biens. Ce type de bail, bien que légalement encadré, est normalement réservé aux résidences secondaires, aux locations temporaires ou à des bureaux professionnels. Il permet aux propriétaires de contourner les obligations liées aux baux classiques, régis par la loi de 1989.
Cependant, il est de plus en plus utilisé pour des locations longues durées de résidences principales, ce qui est illégal. Cette pratique, bien que rare il y a encore quelques années, est désormais mentionnée dans de nombreuses annonces immobilières.
Pourquoi cette pratique attire les propriétaires ?
Le bail code civil offre aux propriétaires une flexibilité que les baux traditionnels ne permettent pas. En le choisissant, ils peuvent :
- Limiter la durée du contrat à quelques mois seulement, parfois sans possibilité de renouvellement.
- Expulser plus facilement les locataires, sans les obligations légales d’un préavis de plusieurs mois.
- Définir le montant du dépôt de garantie à leur convenance, sans avoir à respecter les plafonds fixés pour un bail d’habitation classique.
Ce sont autant d’avantages pour les propriétaires, mais qui mettent le locataire dans une situation précaire et vulnérable. En effet, ces derniers se retrouvent à accepter des conditions beaucoup moins protectrices, et peuvent être expulsés sans préavis, ou se voir imposer des montants de dépôt de garantie exorbitants.
Des locataires pris au piège
Malgré l’illégalité de la démarche dans le cadre d’une location de résidence principale, certains propriétaires continuent d’imposer ce type de contrat, profitant du manque d’information des locataires ou de la pression immobilière. Nathalie Couzigou-Suhas, notaire à Paris, explique que « ces pratiques sont hors la loi et ne devraient jamais être proposées pour des locations principales. »
Dans ces situations, les locataires peuvent se retrouver dans l’incapacité de se défendre, congédiés sans préavis ou contraints de payer des sommes qui ne sont pas encadrées par la loi.
Quels recours pour les locataires ?
Si vous avez signé un bail code civil pour une résidence principale, sachez qu’il existe des moyens de protéger vos droits. En cas de litige, vous pouvez :
Entamer une médiation avec votre propriétaire pour tenter de trouver un accord à l’amiable.
Saisir le tribunal judiciaire, qui pourra ordonner la conversion du bail en un bail d’habitation classique, avec toutes les protections légales associées.
Il est important de rappeler que la réglementation française impose des règles strictes pour protéger les locataires. Si vous constatez que votre contrat de bail ne respecte pas ces règles, vous avez le droit de demander des réparations.