La procédure de destitution du président Emmanuel Macron, initiée par les députés de la France Insoumise, a été rejetée ce mercredi en commission des Lois de l’Assemblée nationale. Retour sur une initiative sans précédent qui pourrait néanmoins être discutée dans l’Hémicycle.
Un Rejet Prévisible mais une Première Historique
Ce mercredi matin, la commission des Lois de l’Assemblée nationale a voté contre la procédure de destitution du chef de l’État, déposée par les députés de la France Insoumise, avec un résultat de 54 voix contre 15. C’est la première fois qu’une telle proposition est débattue à l’Assemblée nationale, suite à la validation de sa recevabilité deux semaines auparavant par le bureau de l’institution.
Cette initiative fait suite à la décision controversée d’Emmanuel Macron de nommer Michel Barnier au poste de Premier ministre après les élections législatives de juin dernier, écartant ainsi Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire.
Les Insoumis Dénoncent un « Coup de Force »
Les députés de la France Insoumise, menés par Antoine Léaument, ont vivement critiqué la décision du président, qu’ils qualifient de « coup de force ». Léaument a ainsi appelé ses collègues à « faire respecter la voix du peuple » en soutenant la destitution de Macron, rappelant les mots mêmes du président : « Qu’ils viennent me chercher ».
Antoine Léaument : « L’instabilité, c’est lui, le chaos, c’est lui ».
Malgré ces appels enflammés, les autres membres de la gauche ont adopté une position plus modérée. Jérémie Iordanoff, rapporteur écologiste, a remis en question les accusations de manquements graves portées contre le président, estimant qu’il n’y avait pas de violation manifeste des devoirs présidentiels.
Critiques Virulentes des Autres Groupes Politiques
La proposition de destitution a été largement dénoncée par les autres groupes politiques. Philippe Schrek, député du Rassemblement national, a attaqué les Insoumis, les accusant de vouloir semer le désordre dans les institutions :
Philippe Schrek : « Vous voulez la disparition des institutions pour laisser la place au désordre et à la haine ».
De leur côté, les députés de la majorité présidentielle ont également critiqué cette initiative, qualifiée de « coup de communication ». Aurore Bergé, ex-ministre, a pointé du doigt les excès habituels des Insoumis :
Aurore Bergé : « C’est tout sauf un jour historique tant nous sommes habitués à vos excès, vos outrances et vos mensonges ».
Un Débat en Hémicycle Encore Possible
Bien que retoquée en commission, la proposition de destitution pourrait encore être débattue dans l’Hémicycle. La décision d’inscrire ce sujet à l’ordre du jour dépend de la conférence des présidents de l’Assemblée, où la gauche ne détient pas la majorité, rendant cette éventualité incertaine. Toutefois, comme l’a précisé le président de la commission des Lois, Florent Boudié, le rejet en commission n’empêche pas la poursuite de la procédure.
Peu de Chances d’Avoir une Issue Favorable
Même si la procédure était discutée en séance publique, elle n’a presque aucune chance d’être adoptée. Le Rassemblement national, Les Républicains, les socialistes, ainsi que les macronistes, ont tous exprimé leur opposition à cette proposition. Le groupe socialiste avait cependant voté la recevabilité de la destitution pour permettre un débat au sein de l’Assemblée.
Marc Pena (PS) : « C’est une procédure qui va aider Emmanuel Macron à se réhabiliter plutôt que de l’affaiblir politiquement ».