Face à la hausse des coûts des matières premières, les industriels rivalisent d’ingéniosité pour ajuster leurs tarifs sans alarmer les consommateurs. Après la shrinkflation et la cheapflation, une nouvelle pratique fait son apparition : la stretchflation. Ce phénomène, encore peu connu, consiste à augmenter le poids des produits tout en appliquant une hausse de prix disproportionnée. Explications.
De la Shrinkflation à la Stretchflation : Une Évolution des Stratégies
Shrinkflation et Cheapflation : Les Précédents
La shrinkflation, ou « réduflation », se traduit par une diminution de la quantité d’un produit tout en maintenant le prix initial. Un paquet de biscuits qui passe de 200 à 180 grammes sans baisse de tarif, par exemple. La cheapflation, quant à elle, modifie les recettes avec des ingrédients moins coûteux, sacrifiant parfois la qualité.
La Stretchflation : Une nouvelle tactique
La stretchflation consiste à « étirer » le produit en augmentant son poids, mais avec une augmentation de prix plus importante. Cette stratégie permet aux industriels de justifier une hausse de tarif tout en donnant l’impression au consommateur qu’il en a « plus pour son argent ». En réalité, le coût au kilo ou à l’unité grimpe bien plus que la quantité ajoutée.
Exemples Concrets de Stretchflation dans les Rayons
McCain : Plus de poids, mais à quel prix ?
Olivier Dauvers, journaliste spécialisé en grande distribution, a mis en avant un exemple frappant de stretchflation. En mai dernier, une boîte de quatre Bun’s de la marque McCain est passée de 400 grammes (2,93 €) à 460 grammes (3,99 €). Cela représente une hausse de 18% de poids pour un prix qui grimpe de 36%, soit 8,67 € le kilo contre 7,33 € auparavant.
« Nous avons ajusté nos tarifs en fonction de la hausse des coûts de production tout en veillant à une évolution proportionnelle du grammage, » explique le groupe McCain, tout en soulignant que le prix final reste à la discrétion des distributeurs.
Belin : Des Crackers Plus Généreux, mais Plus Chers
Un autre exemple concerne les célèbres crackers Monaco de Belin, passés de 100 à 110 grammes (+10%) tandis que le prix est monté de 1 € à 1,29 € (+29%). De même, les Snacky ont vu leur tarif passer de 0,80 € à 1,02 € pour seulement 10 grammes supplémentaires.
« Nous avons conçu de nouveaux formats plus généreux, tout en maintenant notre positionnement accessible, » déclare Mondelez, propriétaire de Belin.
Des Justifications qui divisent
Les marques avancent des arguments liés à l’optimisation du packaging et à l’augmentation de la valeur perçue. Pourtant, ces ajustements, même s’ils sont indiqués sur les emballages, semblent davantage conçus pour détourner l’attention des consommateurs du véritable enjeu : l’augmentation du prix au kilo.
Quels Impacts pour les Consommateurs ?
Face à ces pratiques, les consommateurs doivent redoubler de vigilance. Comparer les prix au kilo ou à l’unité reste le meilleur moyen de déceler ces hausses masquées. Les associations de consommateurs, de leur côté, appellent à plus de transparence de la part des industriels et des distributeurs.