Le projet de loi sur l’immigration continue de susciter des débats en France. Cette fois, c’est un groupe de 3 000 professionnels de la santé qui lance un appel au gouvernement et aux élus pour protéger l’Aide médicale de l’État (AME), une couverture médicale destinée aux étrangers en situation irrégulière présents en France depuis au moins trois mois. Ils expriment leurs inquiétudes à travers une tribune publiée dans le journal Le Monde le jeudi 2 novembre.
L’AME, un filet de sécurité pour les plus vulnérables
L’Aide médicale de l’État offre une couverture intégrale des frais de santé aux étrangers en situation irrégulière, sous certaines conditions. Selon une étude menée en 2019 par l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES), environ la moitié des personnes éligibles y ont recours. Les signataires de la tribune soulignent que l’AME joue un rôle essentiel dans la lutte contre l’exclusion, mais elle n’est accessible qu’aux personnes dont les ressources mensuelles ne dépassent pas 810 euros et qui peuvent prouver une résidence stable en France.
Le projet de loi et la crainte de restrictions
Le projet de loi sur l’immigration envisage de remplacer l’AME par une aide médicale d’urgence qui serait plus restrictive. Alors que le texte se prépare à être examiné par le Sénat, les signataires mettent en garde contre les conséquences d’une telle réforme. Ils citent l’exemple de l’Espagne, qui avait mis en place une politique similaire en 2012 avant de l’abroger en 2018. Cette mesure avait entraîné une augmentation des maladies infectieuses et une surmortalité.
Parmi les signataires de la tribune figurent des personnalités de renom dans le domaine médical, telles que Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine en 2008, et Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique. Leur appel met en lumière l’importance de l’AME en tant que filet de sécurité essentiel pour les populations les plus vulnérables en France.