L’interdiction de l’abaya à l’école fait l’objet d’une vive contestation de la part de l’Association Action Droits des Musulmans (ADM). Cette organisation estime que cette mesure « porte atteinte aux droits de l’enfant, car elle vise principalement les enfants présumés musulmans, créant ainsi un risque de profilage ethnique à l’école ». Vendredi dernier, ADM a pris une décision radicale en saisissant en urgence le Conseil d’État pour demander la suspension de la décision prise par le nouveau ministre de l’Éducation.
La Demande de Suspension
À seulement trois jours de la rentrée scolaire, Droits des Musulmans sollicite le juge des référés afin de « suspendre la décision du 27 août 2023 » qui interdit le port de l’abaya, une longue robe traditionnelle, dans les écoles, collèges et lycées publics. Les avocats de l’association, Me William Bourdon et Vincent Brengarth, justifient cette action en expliquant que cette restriction risque de « stigmatiser davantage les musulmans et de porter atteinte à leurs droits fondamentaux sur les plans social, culturel et éducatif ».
Un Risque de Stigmatisation
Selon les avocats, ces mesures pourraient conduire le personnel scolaire à cibler injustement des jeunes filles en fonction de leurs origines ethniques, ce qui serait « contre-productif » et pourrait les exclure du système éducatif. De plus, l’interdiction de l’abaya empêcherait les élèves de porter une tenue « leur permettant d’exprimer leur attachement à une culture ou à une région géographique », sans pour autant enfreindre les principes de la laïcité.
L’Abaya : Pas un Vêtement Religieux
L’abaya, selon le Conseil français du culte musulman (CFCM), n’est pas considéré comme un vêtement religieux dans l’islam, car il n’existe pas d’habit religieux spécifique dans cette religion.
Une Interdiction Floue et Large
Le référé dénonce une interdiction « formulée de manière floue et large », laissant place à l’interprétation. Les plaignants craignent que cela encourage les personnels de l’Éducation nationale à exiger des élèves qu’ils révèlent leurs convictions religieuses pour déterminer le caractère religieux ou non de leur tenue. Une démarche qui serait « une atteinte grave et manifestement illégale au droit au respect de la vie privée des élèves » et à la liberté de culte.
Fermeté Gouvernementale
Malgré cette contestation, le président Emmanuel Macron s’est montré ferme dans sa volonté d’interdire l’abaya et le qamis à l’école, assurant que le gouvernement « ne laissera rien passer ».