Selon une étude internationale menée conjointement par une équipe de l’Université McGill de Montréal et des scientifiques de l’Université Paris-Saclay, de l’Inserm et de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, dont les travaux ont été publiés le 14 février dernier dans la revue scientifique Plos Medicine, a révélé une augmentation de la fréquence des pensées suicidaires chez les personnes souffrant de symptômes du Covid-19.
En effet, depuis le début de la pandémie du Covid-19, les chercheurs suspectaient une hausse des pensées suicidaires. Mais à l’époque, peu de données étaient disponibles sur le sujet.
Cette étude internationale avait deux objectifs. Le premier, c’est d’explorer si la survenue de symptômes évocateurs du Covid-19 en 2020 était associée à un risque plus élevé de pensées suicidaires en 2021.
Le deuxième objectif de cette étude est d’analyser cette association en utilisant un marqueur d’infection par le virus SARS-coV-2.
L’étude a été réalisée en se basant sur les données EpiCov, une enquête nationale qui suit l’état de santé ainsi que les conditions de vie de plus de 80 mille personnes depuis le début de la pandémie.
Ainsi, en mai et novembre 2020, les participants ont été interrogés quant à l’apparition d’éventuels symptômes pouvant évoquer la maladie: C’est à dire s’ils ont souffert de perte soudaine ou inhabituelle de goût ou d’odorat, s’ils ont eu de la fièvre en association à une toux, s’ils ont souffert de difficultés respiratoires, d’un essoufflement ou encore d’une oppression thoracique.
Durant la même période, c’est à dire en novembre 2020, les chercheurs ont pratiqué une sérologie sur les participants, cherchant à détecter la présence d’anticorps contre le virus.
Une année plus tard, en juillet 2021, les participants, ont été interrogés sur d’éventuelles pensées suicidaires qu’ils auraient eu depuis décembre 2020.
« Parmi les 52 050 personnes concernées par ces analyses, 1.7% déclaraient avoir eu des pensées suicidaires entre décembre 2020 et l’été 2021. Avoir déclaré des symptômes évocateurs du COVID-19 en 2020 était associé à une augmentation de 43% du risque de déclarer des pensées suicidaires en 2021. En revanche, l’étude n’a pas permis d’établir une association entre la sérologie positive pour le SARS-CoV-2 en 2020 et la survenue de pensées suicidaires en 2021« , peut-on lire dans les conclusions de cette étude internationale.
Selon ces résultats, si une exposition au virus ne semble pas avoir d’impact sur le risque d’avoir des pensées suicidaires, il semble en revanche que le fait de ressentir des symptômes évocateurs du Covid-19 était quant à lui un facteur aggravant de ce risque.
Selon les auteurs de cette étude, « En utilisant la sérologie, nous souhaitions explorer si le fait d’avoir rencontré le SARS-CoV-2 en 2020, sans information de date, de forme ou de sévérité de l’infection, augmentait le risque de pensées suicidaires par la suite. Si nos résultats semblent montrer que non, ils ne sont pas suffisants pour infirmer le rôle du SARS-CoV-2 dans la survenue de pensées suicidaires. D’autres études, avec notamment des informations sur la forme et la sévérité de la maladie, sont nécessaires pour répondre à cette question. En revanche, nous montrons que le fait d’avoir eu des symptômes évocateurs de COVID-19, maladie transmissible potentiellement mortelle, lors de cette période où nous n’avions encore que très peu d’informations sur son évolution ou ses séquelles, et pour laquelle il n’existait pas de traitement, représentait probablement un stress suffisant pour augmenter le risque de pensées suicidaires. Et c’est à ce mal-être qu’il faut être attentif afin de le prendre en charge, le surveiller et le comprendre pour y remédier, ou au moins éviter qu’il ne s’aggrave. Ces résultats pourraient par ailleurs s’avérer utiles dans la réponse à d’éventuelles futures pandémies. »