Un rapport accablant pour l’État et le Premier ministre
L’affaire Bétharram refait surface et secoue une nouvelle fois la classe politique. Mercredi dernier, la commission d’enquête parlementaire sur les violences scolaires a rendu son rapport après trois mois de travail et d’auditions. Au centre de la tempête, un homme : François Bayrou. Le rapport n’y va pas par quatre chemins : il dénonce un « défaut d’action » de l’actuel Premier ministre lorsque celui-ci était à la tête de l’Éducation nationale, dans les années 1990.
« Monstruosités » et « État défaillant » : des mots forts pour une réalité glaçante
À Bétharram, prestigieux établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, les révélations ont fait l’effet d’un séisme : des violences physiques et sexuelles commises sur des décennies, passées sous silence ou ignorées par les autorités. Les rapporteurs, Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI), n’ont pas mâché leurs mots, appelant l’État à reconnaître sa responsabilité pour les graves défaillances ayant permis ces agissements.
Deux recommandations phares émergent du rapport :
- La création d’un fonds d’indemnisation et d’accompagnement pour les victimes,
- Une reconnaissance officielle des manquements de l’État.
Bayrou savait-il ? Le débat est relancé
Le rapport va plus loin en citant directement François Bayrou. Selon les deux députés, il aurait été informé des premières accusations visant Bétharram alors qu’il était ministre de l’Éducation. Mais, affirment-ils, il n’aurait pas suffisamment agi, laissant le drame se poursuivre dans l’enceinte du collège-lycée où, ironie du sort, ses propres enfants étaient scolarisés.
Interrogé, le Premier ministre se défend et assure avoir fait son devoir à l’époque. Pourtant, pour une partie de l’opposition, ce « défaut d’action » est lourd de conséquences : « Il fallait intervenir, l’État a failli », résume une élue.
Pas de suite judiciaire, mais une pression politique qui monte
Faut-il désormais saisir la justice ? La présidente socialiste de la commission, Fatiha Keloua-Hachi, estime que rien ne justifie une plainte pour faux témoignage contre François Bayrou, contrairement à ce que souhaitait Paul Vannier. Mais l’impact politique est bien réel. Bayrou, tout juste rescapé d’une huitième motion de censure, se retrouve plus fragilisé que jamais.
Un automne politique sous tension
L’affaire Bétharram tombe à un moment délicat. Le gouvernement prépare des mesures budgétaires inédites : il cherche 40 milliards d’euros d’économie pour 2026. Parmi les pistes évoquées : un possible gel des retraites et des prestations sociales – un scénario de « année blanche » qui risque de faire grincer bien des dents. Les discussions ont déjà commencé à Bercy avec, fait rare, la présence des représentants du Rassemblement national et du parti Horizons d’Édouard Philippe autour de la table.
Un climat électrique
Pour François Bayrou, chaque jour ressemble à un nouveau défi. Entre la gestion des affaires courantes, la crise budgétaire et désormais l’ombre tenace de Bétharram, le Premier ministre va devoir redoubler de pédagogie pour convaincre l’opinion… et ses partenaires politiques. L’automne s’annonce électrique à l’Assemblée, où la moindre faille pourrait être exploitée par ses adversaires.
Une chose est sûre : l’affaire Bétharram n’a pas fini de secouer la République, et la question des violences en milieu scolaire reste plus que jamais d’actualité.
